Résumé de la 19e partie - A la fin du repas, Robert se hasarde à poser cette question à Chantal : «Pourquoi n'aimez-vous pas les chats siamois ?» Je ne sais qu'une chose c'est que vous êtes très belle... — On m'a dit que cela se chantait ? — J'ai appris par le commissaire du bord que vous alliez jusqu'à Sydney. — Tandis que vous me quitterez à Singapour pour vos machines électriques... Vous m'oublierez vite ! — Pourquoi dire des choses méchantes ? — Il faut que j'aille me reposer. Je suis très lasse... Bonsoir, Robert. — Bonne nuit, Chantal... A demain, peut-être ? Il avait prononcé ces derniers mots en baisant la main longue et racée qu'elle ne sembla pas pressée de retirer, comme si la chaleur de cet hommage lui faisait du bien... Puis elle s'enfuit. Quand il revint seul dans le grand salon illuminé et bruissant de tumulte, il éprouvait la sensation très douce d'être heureux... Elle courut presque dans le couloir qui la ramena à sa cabine, dont elle verrouilla la porte derrière elle avec une hâte fébrile. Haletante, elle, se retrouva devant la double glace de la salle de bains et là, d'un geste brusque, elle déchira le haut de sa robe pour mettre à nu sa gorge et sa poitrine. Quand ils étaient sur le pont, elle avait sorti machinalement de son sac un poudrier... elle s'était aperçue dans le miroir qu'une petite tache, qui n'était pas visible au début de la soirée, avait apparu à la naissance de son cou. C'était pour cela qu'elle avait brusqué la fin de la conversation avec l'ingénieur. N'aurait-ce pas été terrible s'il avait vu cette tache ? Le haut de robe arraché lui permettait maintenant de contempler avec horreur la tache rose et ovale, ainsi que beaucoup d'autres qui avaient recouvert brusquement la naissance des seins. Jusqu'à ce jour, les taches n'avaient jamais dépassé les hanches. C'était à croire qu'elles avaient attendu exprès le moment où la jeune femme venait de rencontrer un homme qui lui plaisait vraiment, pour se multiplier dans des proportions effrayantes ! Chantal revint dans la cabine et se jeta sur le lit, dont elle mordit le drap dans sa crise de désespoir. Elle ne se souciait ni de l'heure, ni de la Méditerranée, ni de sa robe en lambeaux. Cette robe noire, au col montant, qui lui rappelait beaucoup de choses et surtout le soir où elle l'avait portée pour la première fois... C'était dix jours plus tôt : un vendredi. Depuis quatre années qu'elle était la maîtresse de l'agent de change, celui-ci avait enfin réussi à se libérer un soir de son acariâtre épouse. Pour fêter cette fugue, Jacques Berthon et Chantal avaient décidé d'aller dîner chez «Maxim's». Ensuite ils iraient dans une boîte de nuit. La robe de crêpe marocain noir avait été commandée chez «Marcelle et Arnaud» pour cette soirée où la jeune femme porterait le solitaire et les boucles d'oreilles en diamant que Jacques venait de lui offrir. (A suivre...)