Résumé de la 29e partie - Après avoir arrêté sa lecture, Chantal saisit le lapin en peluche, jouet favori d'Iru, son chat qu'elle a noyé... Si l'ingénieur avait pu la voir en ce moment, il aurait acquis la certitude qu'elle était superstitieuse, mais n'aurait jamais pu deviner le secret qui s'abritait derrière ce fétiche banal. Elle était d'ailleurs bien décidée à ce que l'ingénieur ne perçât aucun de ses secrets et surtout pas celui de son mal... Robert conserverait ses illusions et testerait sous l'impression merveilleuse des deux soirées passées ensemble. Chantal savait trop qu'il découvrirait tout si elle continuait à le voir. Déjà, elle avait eu du mal à soutenir son regard lorsqu'il l'interrogeait au sujet de son horreur des chats. Elle avait failli lui répondre — Un chat siamois m'a transmis la lèpre. Cet aveu brutal lui aurait certainement fait perdre la compagnie de cet homme qui se serait détourné d'elle ; il n'était pas encore assez amoureux pour l'accepter avec son mal. Hier soir, elle avait compris, lorsqu'il avait déposé sur ses doigts ce baiser brûlant, qu'il la voulait ; ce serait horrible s'il apprenait la vérité. On ne peut pas aimer une lépreuse ! Elle devait l'éviter comme elle s'était cachée de tout le monde à Paris. Et le film de la semaine d'angoisse passée dans la capitale après la révélation du professeur Chardin, se déroula de nouveau dans sa mémoire... Elle se revoyait abandonnant, place Saint-Germain-des-Prés, le taxi dans lequel elle s'était engouffrée en fuyant son domicile du boulevard Suchet. De Saint-Germain-des-Prés, elle s'était dirigée à pied, sa valise à la main, vers la rue Saint-André-des-Arts où elle avait pénétré dans un hôtel d'apparence modeste qui s'appelait l'«Hôtel des Etudiants». Chantal avait habité cet hôtel, perdu dans l'une des plus vieilles rues de la capitale, avant d'échouer rue Victor-Massé : elle était alors entraîneuse dans le dancing de Montparnasse où Mme Royer l'avait rencontrée. Le gérant de l'«Hôtel des Etudiants» n'avait pas changé : c'était un petit homme grisonnant, légèrement voûté, connu dans tout le quartier sous son sobriquet de «Patte-à-ressort», dû à son pied-bot. Patte-à-ressort accueillit Chantal avec un large sourire et lui dit, en lui tendant la fiche de police à remplir : — Mademoiselle n'a qu'à signer : je me souviens très bien de son nom. Veut-elle la chambre qu'elle occupait au sixième ? — Oui, répondit-elle. «Hôtel des Etudiants» n'avait pas d'ascenseur ; il n'en aurait jamais. Patte-à-ressort en profita pour essayer d'entamer la conversation sur chaque palier : — Mademoiselle est toujours artiste ? Peut-être Mademoiselle a-t-elle voyagé ? (A suivre...)