Résumé de la 64e partie ■ Le commissaire du "Melbourne" apprend à Chantal qu'un nouveau contingent de malades va être dirigé sur Makogaï . Sur trois, ils n'avaient plus qu'un nez complet et deux bras intacts ! L'un d'eux était aveugle et se dirigeait en appuyant son unique main sur l'épaule de l'un de ses camarades... Nous avons dû les enfermer à fond de cale pour ne pas incommoder les autres voyageurs. Ce serait une publicité déplorable pour le "Melbourne" s'il avait la réputation de transporter des lépreux comme le "Saint-John"... C'est le vapeur qui assure la liaison entre Levuka et Makogaï. Les malades sont groupés dans une léproserie d'attente à Levuka jusqu'à ce qu'il y en ait un nombre suffisant pour justifier l'appareillage du "Saint-John" dont le capitaine, M. Fareil, est l'un de mes amis. — Il a dû faire d'étranges traversées et voir de curieux spectacles ? demanda Chantal. — Ses récits vous font dresser les cheveux sur la tête, répondit le commissaire du "Melbourne" en souriant. Excusez-moi, Madame, de vous importuner avec tous ces bavardages. Nous approchons de Suva.. — Combien de temps y restons-nous ? — Deux heures environ. — Et nous arriverons à quelle heure à Levuka ? — Dans la soirée, avant le dîner... Vous resterez longtemps dans cette ville ? — Le moins possible. — Je vous approuve elle n'est pas gaie déclara l'officier en sortant. S'il avait pu se douter qu'elle se rendait à Makogaï, il lui aurait peut-être dépeint Levuka comme étant un paradis en comparaison de l'île des lépreux La sirène du ‘'Melbourne'' avertit Chantal de l'arrivée dans le port le plus important des Fidji. Elle ne voulait pas plus se montrer à Suva qu'aux escales précédentes ; néanmoins, elle regarda par le hublot et trouva la baie magnifique. La ville elle-même se composait de maisons blanches et basses, les habitations étaient disposées en quadrilatères réguliers formés par de larges avenues bordées de palmiers géants. Une flottille d'embarcations entourait le paquebot. Ces pirogues - dont l'avant recourbé s'ornait d'une tête sculptée en bois d'ébène, avec des yeux de nacre et des oreilles en écaille, une longue barbe et des lèvres peintes en rouge - étaient dotées d'un flotteur extérieur, relié au corps de l'embarcation par une traverse de bois, qui les empêchait de chavirer, chacune d'elles était occupée par une douzaine de jeunes garçons, nus jusqu'à la ceinture qui pagayaient avec une vitesse incroyable. Le cercle des pirogues s'ouvrit pour laisser le passage à une vedette automobile dont la proue était décorée d'un drapeau, celui du gouvernement des Fidji, et dont les occupants étaient habillés à l'européenne. (A suivre...)