Résumé de la 66e partie ■ Le commissaire se présente chez Chantal pour lui dire que Mgr Midal veut la voir... Ce soir, à Levuka, l'un de mes vicaires, le Père Anselme, viendra vous chercher au débarcadère et vous conduira directement au couvent des Sœurs Missionnaires de Marie, que vous connaissez déjà un peu puisque vous avez été reçue à la Maison-Mère de Paris. On vous y a préparé, sur mes ordres, une cellule que ces chères sœurs se sont efforcées de rendre la plus gaie possible ; je leur ai conseillé d'y mettre beaucoup de fleurs. Je suis certain que vous les aimez, ou vous ne mériteriez pas d'être Parisienne ! Vous y recevrez, demain matin, la visite indispensable des médecins officiels du gouvernement de Fidji qui vous examineront avant de vous remettre votre fiche d'admission à la léproserie de Makogaï. Je m'empresse de vous dire que ce n'est qu'une simple formalité... ...Vous n'attendrez pas longtemps dans le couvent de Levuka, puisque le «Saint-John», dont Mère Dorothée vous a certainement parlé, appareillera vers quatre heures de l'après-midi. La traversée n'est pas longue ; la mer sera calme. A Makogaï enfin, sœur Marie-Ange, que vous ne connaissez pas mais avec laquelle vous vous entendrez à merveille — car vous avez certains points de ressemblance – vous attendra sur la plage et vous conduira à votre demeure. Nous vous avons réservé la plus jolie maison de l'île ; elle n'a encore jamais été habitée ; nous la destinions à recevoir les personnalités officielles qui viendraient visiter la léproserie. Je vous préviens tout de suite que ce n'est pas un palais... Les palais sont plutôt rares dans le Pacifique ! C'est un logis bien aéré et confortable. Il offrira pour vous le double avantage d'être à proximité de la Mission et de vous isoler des malades indigènes ou de race différente. Je crois bien que vous serez la seule femme européenne malade ; il est préférable de vous rapprocher de nos sœurs blanches. Vous ne tenez pas particulièrement à être incorporée dans un village fidjien, chinois ou hindou ? — Pas le moins du monde — Vous avez raison ; ces gens-là sont toujours en train de se quereller. — Monseigneur, reprit Chantal, parlez-moi de cette île où je vais vivre ? — Est-ce bien nécessaire ? Vous aurez tout le temps de la découvrir. Ce que je puis vous dire est que j'ai assisté à l'arrivée du premier contingent de lépreux à Makogaï le 29 novembre 1911. Vous voyez que ça ne me rajeunit pas ! Je suis persuadé que vous ne ferez qu'un court séjour dans l'île vous nous reviendrez bientôt guérie et vous me ferez le plaisir, à votre retour, de visiter notre Mission et nos œuvres ici, qui sont très importantes. Qui donc disait que vous étiez malade ? Cette chère Mère Dorothée ? — Pourtant, Monseigneur... (A suivre...)