Résumé de la 100e partie ■ Derrière le rideau, Chantal aperçut avec horreur, TuIio Morro qui se soulevait lentement et resta figée d'épouvante... Pour deux raisons, d'abord vous semblez oublier que je suis malade et que je risque de devenir un jour aussi laide que les autres lépreuses... Ensuite, j'ai entendu dire que vous étiez fiancé avec la ravissante fille du Révérend David Hill ? — Vous guérirez ! J'en suis sûr ; le Dr Watson aussi... Il ne se trompe jamais ! Nous ferons tout ce qui est humainement possible pour vous arracher à cet exil. Vous guérirez. Vous repartirez. Et j'aimerais vous suivre. — Et Agathe ? — Ce n'est qu'une petite jeune fille sans importance et très entêtée. Pour elle j'ai fait figure, dès mon arrivée dans l'île, de sauveur... Je suis sa planche de salut. — Vous êtes fiancés ? — Officiellement oui, mais dans mon esprit, non, depuis le moment où je vous ai vue débarquer du «Saint-John». Laissez-moi parler .... Cela m'arrive si rarement ! Je passe ma vie dans le laboratoire... Vous ne pouvez pas savoir la sensation merveilleuse que j'ai éprouvée à voir une femme élégante fouler ce sol maudit et à me dire que je vous y verrai pendant longtemps, que vous n'étiez pas simplement la belle touriste visitant une léproserie parce qu'elle avait entendu dire que le spectacle en valait la peine... Comme l'a dit l'un de vos poète «Grâce à vous une robe a passé dans ma vie.» Chantal était émerveillée. Ce jeune médecin était certainement beaucoup trop fin et trop cultivé pour unir son existence à la fille rousse, banale et pleine de santé, du pasteur.. Seulement ce grand garçon, à la fois naïf et entreprenant, ne l'attirait pas ; son cœur était trop plein d'un autre. Elle détourna la conversation : — Puisque vous avez la gentillesse de me laisser entendre que vous comprenez ma détresse, vous allez me le prouver tout de suite en me donnant un conseil... Figurez-vous que cette nuit, à deux reprises différentes, j'ai eu la visite d'un personnage effrayant .... Elle raconta au médecin les deux apparitions du lépreux. Après l'avoir écoutée attentivement, Fred hocha la tête : — Je ne crains qu'une chose, c'est que tous les lépreux de Makogaï ne soient bientôt dans le même état que cet homme à votre égard ! Une jolie femme amène la perturbation sexuelle partout où elle passe et peut-être encore plus ici, où l'on n'en voit jamais. Sans doute ignorez-vous que la maladie développe les besoins physiques du mâle ? C'est la principale raison pour laquelle nous avons dû isoler les femmes à l'hôpital et ne pas les laisser cohabiter avec les hommes dans les villages. Avant d'acheter Makogaï, le gouvernement des Fidji avait installé une léproserie rudimentaire à Bega : les résultats furent déplorables. Sur une plage étroite, séparée du reste de l'île par une montagne à pic, on avait débarqué les lépreux et on les laissait se débrouiller à peu près seuls. Ils se décivilisèrent rapidement. (A suivre...)