On est habitué, il est vrai, à ce que seules les échéances électorales arrivent à mettre fin à la léthargie de la scène politique et à sortir les partis de leur longue hibernation, mais cette fois, l'animation est peu habituelle. Le climat est en effet chargé d'électricité. A tel point que l'ancien chef d'Etat, Liamine Zeroual, s'est vu obligé de rompre le silence à travers une lettre aux algériens, ayant suscité diverses réactions. Les six candidats retenus par le Conseil constitutionnel tenteront avec des arguments opposés de convaincre un électorat estimé à plus de 22 millions d'électeurs. Ils ont déjà installé leur staff de campagne et communiqué aux électeurs leurs programmes respectifs, notamment sur leurs sites Internet et à travers les réseaux sociaux. Le candidat Belaïd du Front Moustakbal, lancera sa campagne, à partir de la wilaya de Djelfa, sous le slogan «L'avenir c'est maintenant» et compte s'adresser directement aux électeurs dans 21 wilayas. La campagne d'Ali Benflis, quant à elle, débutera à partir de Mascara, sous le signe «Oui pour une société des libertés». Benflis compte animer des meetings électoraux dans les 48 wilayas du pays. Pour sa part, le président sortant, Abdelaziz Bouteflika, dont la candidature à cette élection est soutenue par plusieurs partis politiques, fera campagne autour du mot d'ordre «Ensemble pour l'Algérie de demain, pour un avenir meilleur pour tous». Le candidat Touati du Front national algérien (FNA) entamera ses sorties par la wilaya d'El-Bayadh, sous le slogan «l'Algérie pour tous les Algériens». De son côté, la candidate du Parti des travailleurs (PT), Hanoune, a choisi de défendre la thématique : «L'édification de la deuxième République», alors que le slogan du candidat du parti AHD54, Rebaïne, est «Le développement-excellence-égalité». Les candidats à la présidentielle et leur staff semblent ainsi prêts pour se lancer dans cette campagne électorale, ignorant presque les partisans du boycott qui ne cessent d'aiguiser leurs armes pour prouver l'étendue populaire de leurs thèses et le bien-fondé de leur mot d'ordre. Ils étaient hier, vendredi, des centaines à répondre à l'appel de la coordination nationale pour le boycott regroupant le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), le Front pour la justice et le développement(FJD), Nahda, Jil el Jadid et le Mouvement de la société pour la paix (MSP) et l'ancien chef du gouvernement Ahmed Benbitour. «Boycott, boycott pour l'Algérie», «le peuple veut une période de transition», pouvait-on lire sur les quelques banderoles affichées lors de ce rassemblement organisé à la salle Harcha, où les relents d'islamisme étaient visiblement beaucoup plus importants. Outre les slogans appelant au boycott de la présidentielle et l'appel à une période de transition, les personnalités politiques présentes à ce rendez- vous ont tour à tour promis de faire adhérer le maximum de citoyens à leurs thèses du boycott. Habituellement très contradictoires dans le fond et la forme du discours, les uns et les autres semblent avoir trouvé cette fois-ci un dénominateur commun, à savoir le rejet de la présidentielle. Cette rencontre intervient au lendemain de la sortie de l'ancien président, Liamine Zeroual, qui s'est pour la première fois adressé aux Algériens depuis qu'il a quitté le palais d'El-Mouradia. Il a estimé que la situation dans le pays le pousse à s'exprimer par «obligation morale», appelant à l'alternance au pouvoir. Une sortie inattendue qui a fait réagir de nombreuses personnalités politiques et observateurs dont certains pensent que l'intervention arrive un peu trop tard. Pour d'autres, à l'image de Benflis et Moussa Touati, la lettre de Zeroual se résume à un seul mot : «Patriote». Pour d'autres encore, ce n'est ni plus ni moins qu'un soutien à peine voilé au candidat Ali Benflis.