Comme il fallait s'y attendre, la sortie surprise de l'ex-Président, Liamine Zeroual, a suscité moult réactions chez la classe politique. À commencer par le candidat en lice Ali Benflis qui juge que M. Zeroual "n'a pas agi seulement en qualité d'ancien chef d'Etat, mais également en tant que patriote conscient de la gravité de la situation et soucieux de la stabilité de l'Algérie qu'il a servie avec courage, intégrité et dévouement". L'ex-chef de gouvernement lui rend hommage pour avoir "dirigé notre pays dans les moments les plus difficiles depuis l'Indépendance". L'ancien président propose (dans sa lettre) "une issue à l'impasse à laquelle est confrontée l'Algérie, une réhabilitation des missions des institutions et l'organisation de l'alternance politique dans des conditions ordonnées et apaisées". En somme, ajoute-t-il, "une démarche qui tend vers les convergences nationales et qui s'appuie sur le dialogue, la concertation et l'écoute mutuelle". Une démarche que M. Benflis "partage" et incarne dans son "projet de renouveau national". Ces idées, partagées par MM. Zeroual et Benflis, expriment-elles un soutien déguisé de l'ancien président au candidat ? Dans sa lettre, faut-il le rappeler, M. Zeroual s'est focalisé notamment sur le principe de l'alternance au pouvoir qui, dit-il, consacre le principe démocratique, mais aussi sur l'impotence de Bouteflika à exercer la fonction de chef d'Etat. Et la proposition phare de M. Zeroual, c'est d'aller vers "un mandat de transition" pour faire sortir le pays de la crise. D'où l'interprétation de certains partis politiques et du clan d'El-Mouradia, que le message de Zeroual cache un soutien au candidat Ali Benflis, issu de sa région... Le président du MSP, Abderrazak Makri, juge, à ce titre, que le président Zeroual "est de plain-pied dans la campagne en parlant d'un mandat de transition". Il avance la preuve que l'ancien chef d'Etat "a critiqué le clan du Président, mais a appelé à voter. Il est donc clair qu'il soutient un candidat". Dans des propos plus nuancés, le RCD, lui, juge que les déclarations de l'ancien président résument l'essentiel du constat sans appel que font de nombreux Algériens. Pour Athman Mazouz, chargé de communication du RCD, "ce scrutin sera comme les précédents, entaché de fraude et qu'il ne servira qu'à reconduire le statu quo". D'où l'appel du RCD à la disqualification de cette énième supercherie électorale, contrairement à l'appel de Zeroual. Pour sa part, Djilali Soufiane, président de Jil Djadid, qualifie la sortie de l'ancien président de "procès en règle fait contre Bouteflika". Selon lui, "Zeroual a démontré encore une fois qu'il est une autorité morale dans le pays ; il fait une interprétation de la situation politique sous l'angle moral avant l'angle purement politique". Les trois partis cités, rappelons-le, appellent au boycott de l'élection présidentielle du 17 avril. Certains acteurs de la scène politique n'ont pas manqué d'assimiler la sortie de Zerroual à une réaction à la boutade controversée de M. Sellal visant les Chaouis. Sinon, se demandent-ils, pourquoi est-il resté jusqu'à maintenant pour se prononcer sur la situation du pays ? F. A Nom Adresse email