Témoignage Des jeunes armés de gourdins, l?air menaçant et agressif, telle est l?image qu?ont de nombreux automobilistes des gardiens de parkings sauvages. L?histoire de ce citoyen qui a été poignardé par l?un d?eux, car il refusait de payer 30 DA, a fait le tour des quartiers de la capitale. Les Algérois savent que désormais s?ils veulent garer leur voiture quelque part, il faut compter avec ces jeunes qui ont squatté les ruelles et venelles de la capitale. Le problème qui se pose avec ces parkings sauvages opérationnels sans que aucune autorisation ait été délivrée à leurs indus propriétaires, c?est qu?ils n?obéissent à aucune règle. L?anarchie y est érigée en règle. H. B. a souvent recours à ces parkings pour stationner son véhicule croyant naïvement qu?il sera en lieu sûr. Mal lui en prit. Il nous raconte sa mauvaise expérience. «Un jour, j?ai constaté que le pare-brise de ma voiture avait volé en éclats. Lorsque j?ai demandé des explications aux gardiens du parking, ils se sont contentés de me dire que ce sont des choses qui arrivent et que des jeunes qui jouaient au ballon l?ont brisé involontairement», témoignera-t-il s?étonnant qu?on ait laissé des amateurs de ballon rond se livrer à un match dans un lieu pareil. Il a tout de même payé cette piètre prestation aux gardiens dudit parking. Une prestation qui lui a coûté finalement beaucoup plus cher en raison des dépenses occasionnées par la réparation du dommage. A l?évocation des parkings sauvages, le visage de Slimane, un autre automobiliste malchanceux, s?est rembruni comme si on lui rappelait un mauvais souvenir. Et c?est le cas. «Ce sont des criminels, des voleurs», s?écriera-t-il avant de narrer sa mésaventure. «J?ai laissé ma voiture en toute confiance chez deux jeunes qui, pour me signifier qu?il s?agissait d?un parking, m?ont aidé à garer mon véhicule. Je devais m?absenter, car j?avais rendez-vous chez le dentiste. A mon retour, non seulement je découvre que ma portière avant gauche a été défoncée, mais aussi que mon autoradio a été arraché. Les fils pendaient. Les pseudo-gardiens du parking m?ont affirmé sans rire qu?il s?agissait d?un drogué et qu?ils ne pouvaient rien contre ça», a-t-il conclu. «Où est l?Etat ?» s?est-il interrogé. Hakim, comptable dans une entreprise privée, a exprimé, pour sa part, son entière satisfaction quant à l?initiative de certains jeunes de son quartier qui ont instauré le gardiennage de nuit. Il fera remarquer que «les vols ont diminué pour ne pas dire disparu. J?avais acheté un véhicule récent et j?avais beaucoup d?appréhensions. Vous vous imaginez perdre les économies de toute une vie en une nuit ? Ces jeunes ont fait d?une pierre deux coups : d?un côté, ils se sont créé des emplois, de l?autre ils nous ont permis de dormir tranquilles.» Plusieurs automobilistes nous ont confié apprécier ces parkings fussent-ils clandestins, car leur véhicule, qui représente un investissement lourd, est en sécurité moyennant une somme dérisoire.