Résumé de la 121e partie ■ Chantal accepte de tricoter la layette, mais en échange le père Rivain devra lui donner des leçons d'orthographe... Une lecture qui serait plus réconfortante que celle de la Psychologie des lépreux. La rousse Agathe était à bout de patience : Fred ne prêtait aucune attention à sa jolie personne depuis de longues semaines. Quand il la rencontrait au culte du dimanche, c'était tout juste s'il lui adressait la parole. La jeune fille s'était ouverte de son chagrin à son père, qui lui avait répondu : — Ma fille, votre fiancé est un savant que vous ne devez pas troubler dans les périodes où il se trouve entièrement absorbé par ses recherches. Regardez votre mère n'a-t-elle pas pris, depuis le jour de notre mariage, l'habitude de ne jamais me déranger quand je prépare mon prêche ? — Pourtant, père, Fred était d'une telle prévenance avec moi autrefois... Agathe n'avait pas ajouté que le jeune Américain avait changé d'attitude le jour où cette Française avait débarqué à Makogaï. Cette femme élégante n'était, aux yeux d'Agathe, qu'une méchante femme qu'il fallait abattre ! Une lépreuse qui s'obstine à ne pas devenir laide n'a rien à faire dans une léproserie ! Il fallait l'obliger, par n'importe quel moyen, à quitter l'île ! Agathe croyait avoir trouvé ce moyen : vingt fois, sans que son père s'en doutât, la jeune Anglaise était allée rôder autour de la maison de la Française. Tous les soirs, Fred y pénétrait à la tombée de la nuit et n'en ressortait que plusieurs heures plus tard. Que pouvaient-ils bien se dire ou même faire ? L'esprit d'Agathe était à la torture. Fred était amoureux de cette lépreuse blanche ; c'était l'évidence. Plusieurs fois la fille du pasteur avait eu envie de monter l'escalier de bois pour surprendre son fiancé dans les bras de l'horrible femme, mais elle s'était toujours enfuie, au dernier moment, par crainte de voir réalisée une scène abominable qui remplissait son imagination jour et nuit. Elle se contentait d'attendre dehors, dans le noir... Mais elle s'aperçut vite qu'elle n'était pas la seule à observer le manège nocturne de Fred et de la Française. Un homme était là, également dans le noir, près d'elle, se cachant du mieux qu'il pouvait un lépreux qu'Agathe n'avait pas été longue à reconnaître. C'était Tom, le Fidjien qui remplissait les fonctions de cantonnier. Agathe le connaissait pour lui avoir parlé à distance respectable - le Révérend David Hall avait obligé sa fille à apprendre la langue barbare de l'Archipel lorsqu'il venait arracher les mauvaises herbes poussant sur le chemin de la maison du pasteur. Tom était un simple d'esprit qui croyait tout ce qu'on lui disait Agathe s'était même demandé, un moment, si le cantonnier n'était pas amoureux d'elle ? (A suivre...)