Résumé de la 122e partie ■ Agathe s'aperçoit qu'elle n'est pas la seule à surveiller Chantal. Tom, le cantonnier lépreux, fait de même... Tom, boiteux et sans nez, était, comme beaucoup de simples d'esprit, amoureux de tout ce qui est beau : des fleurs, des oiseaux, du bleu du ciel, de l'écume blanche des vagues, d'une jeune fille rousse et même d'une jeune femme blonde. Agathe l'avait compris en voyant le lépreux errer autour de la maison de Chantal... Pour contraindre au départ celle que la jeune fille considérait comme la pire des aventurières, il fallait utiliser ce Tom. Il suffisait de lui suggérer quelques idées sommaires. Agathe s'y employa pendant toute une après-midi où le cantonnier travaillait à proximité de la petite barrière blanche de la maison de son père. — Bonjour, Tom. Tu as l'air très malheureux ? — Oh Oui, mademoiselle Agathe. — Veux-tu que je t'aide ? — Personne ne peut m'aider ! — Crois-tu ?... Je puis tout faire pour toi : je connais tes moindres pensées... Par exemple, je sais que tu aimes ton métier de cantonnier, mais que tu préfères encore surveiller, au clair de lune, la maison de la femme blanche... Et tu as raison, Tom, parce que cette femme est pour toi elle est lépreuse comme toi et, tu as le droit de l'épouser... Tu serais fier d'avoir une femme aussi belle ? Cela te rendrait joyeux, pauvre Tom... Ecoute-moi ! Tu n'as qu'à pénétrer ce soir, avant la tombée de la nuit, dans la maison de la femme blanche... Dès que tu seras entré, tu fermeras les portes derrière toi. Tu es plus fort qu'elle : tu la porteras dans sa chambre, sur sa couche et, là, tu en feras ta femme. Après, elle t'obéira et t'appartiendra pour la vie ! Mon père sera obligé de vous marier pour éviter un scandale. Tes noces seront belles, Tom ! Tout Makogaï y assistera... Tes compagnons viendront de ton village avec des guirlandes d'aloès. Et l'orchestre de sœur Marie-Ange jouera cette belle musique que tu aimes tant et qui fait beaucoup de bruit... Et le ténor à la belle voix chantera des chants d'amour... — Oh mademoiselle Agathe, que c'est donc beau tout ce que vous me dites ! — Tout cela va arriver, Tom, poursuivit la jeune fille implacable. La seule chose qui te manque est l'audace ; souviens-toi que les lépreux sont chez eux à Makogaï, que l'île vous appartient avec tout ce qui s'y trouve, surtout les femmes lépreuses comme la Française. Je sais... Tu as peur du Dr Fred ? Ne t'inquiète pas ! Il n'ira pas la voir ce soir... Il n'ira plus jamais ! Je me charge de l'occuper... Mais toi, tu iras, Tom ? — Oui, mademoiselle Agathe... — Et tu feras exactement tout, ce que je t'ai dit ? — Oui, mademoiselle Agathe... — C'est bien, Tom. Rentre chez toi mettre ton costume des dimanches.. (A suivre...)