Résumé de la 15e partie ■ Jean-Pierre posa le petit baril par terre et frappa un grand coup avec la baguette d'or. La bonde du tonneau s'ouvrit et il en sortit une fumée noire qui prit une forme humaine. Le baron avait tant peur de manquer l'occasion qu'il envoya un exprès au château demander vingt mille livres à son intendant. Au bout d'un quart d'heure, on apporta vingt sacs tout pleins d'écus. Jean-Pierre vérifia la somme, rangea les sacs dans son armoire et mit la clef dans sa poche ; puis il donna le petit baril d'or, et le seigneur partit enchanté de son acquisition. A son retour au château, M. le baron s'enferma dans sa chambre pour essayer son petit tonneau merveilleux. Il frappa dessus avec la baguette, et aussitôt la fumée sortit en prenant la forme d'un géant, et le géant donna vingt-cinq coups de bâton au seigneur. Les gens de M. le baron l'entendirent pousser des cris aigus. Lorsqu'ils accoururent, ils trouvèrent leur maître étendu sur le carreau. Le géant était déjà rentré dans sa demeure et on ne sentait plus dans la chambre qu'une légère odeur de fumée. Comme le seigneur avait les reins moins durs que le meunier, il resta au lit pendant deux jours avec une courbature ; mais il ne voulait point se vanter des coups de bâton qu'il avait reçus. C'est pourquoi il ne parla de son aventure à personne. Il feignit même d'être content de posséder le petit tonneau d'or. Cependant, le meunier et sa femme employèrent utilement leurs vingt mille livres. Ils achetèrent des prés et des champs ; ils firent abattre leur mauvaise cabane et bâtir à la place une belle ferme, avec des granges, des étables, des écuries et une bergerie où ils mirent un troupeau de moutons. Jean-Pierre eut des valets de charrue, des travailleurs à ses gages, un garçon pour veiller au moulin. Au lieu de moudre du blé pour les autres, il fit de la farine avec le grain qu'il récoltait. Claudine acheta une robe de soie pour aller à la messe le dimanche. Aussitôt que Pierrot fut assez grand pour apprendre à lire, on l'envoya à l'école et, dès l'âge de six ans, il était déjà plus savant que son père et sa mère. Ces bonnes gens auraient pu vivre heureux et tranquilles sans la méchanceté de leur seigneur. M. le baron leur gardait rancune pour les coups de bâton qu'il avait reçus et les vingt mille livres qu'il avait payées. Il s'amusait à lâcher du gibier sur les terres de Jean-Pierre et, sous le prétexte de la chasse, il dévastait les champs avec ses chevaux, ses chiens et ses piqueurs. Le meunier avait beau se plaindre, on ne l'écoutait pas, et on recommençait le lendemain. Un jour, le baron eut une querelle avec un autre seigneur du voisinage et il voulut lui faire la guerre. Ce fut un prétexte pour lever des impôts sur ses vassaux ; il en accabla Jean-Pierre, et lui prit ses valets de charrue pour en faire des soldats, et ses chevaux pour mener les soldats à la bataille. (A suivre...)