Constat ■ Quasi absent du tournant que prend le secteur de la construction dans le pays, le métier d'architecte reste l'un des grands absents de cette nouvelle page d'histoire qu'écrit le secteur... «Comme dans beaucoup de secteurs, les architectes sont plus dans une logique de marchand que dans une logique d'entrepreneur», nous explique Amin, jeune entrepreneur dans le bâtiment. «Ched-Mad» (prend et donne) reste le leitmotiv privilégié pour de nombreux entrepreneurs chez nous (imposé et/ou adopté). Pourtant, les innombrables chantiers de construction lancés à travers plusieurs régions du pays devraient être une aubaine pour proposer des maquettes et des projets urbanistiques afin de donner un semblant de couleur et de logique dans le paysage global de la cité et par là-même de la ville où elle est construite. À leur décharge, nous livre un autre entrepreneur, Sid-Ali, le choix des pouvoirs publics de confier à des opérateurs les chantiers, selon le mode «études et réalisation», et partant écarter les architectes «n'est pas là pour leur faciliter les choses». «On construit une cité de plusieurs milliers de logements dans une assiette donnée, puis on saute à une autre assiette pour en construire mille autres, sans le moindre souci de donner une suite logique et un lien entre ces cités construites. Et là, on va éviter de parler de la conception même d'une cité où pour l'heure il ne s'agit que de dortoirs où les infrastructures de base, comme les terrains de jeu pour les enfants, ou encore les salles de sports ou autres salles de cinéma ou bibliothèques, qui la composent sont quasiment-absents», déplore Sid-Ali. Ils sont nombreux à constater cette aberration engendrée justement par cet éloignement qui existe entre la profession d'architecte et les chantiers de constructions lancés ça et là. «Il y va du visage que donnent nos villes et partant de l'image de tout le pays», insiste encore le jeune entrepreneur. Hier, c'est le ministre de l'Habitat, de l'Urbanisme et de la Ville qui évoquait justement le sujet. Ainsi, abordant la question des projets confiés à des opérateurs, selon le mode «études et réalisation», le ministre explique que cette procédure était inévitable au regard de la pression de la demande et de l'envergure des projets lancés. «Nous vivons une situation unique au monde, nous devons réaliser annuellement près de 250 000 logements, la procédure classique du concours d'architecture ne peut pas être opérationnelle» a-t-il précisé. M.Tebboune indiquera toutefois avoir instruit les structures déconcentrées de son secteur (Direction du logement, Direction de l'urbanisme et Direction des équipements publics et OPGI) en vue de la tenue d'une réunion mensuelle avec les représentants locaux des architectes aux fins de répondre à leurs différentes requêtes et doléances. «Un prélude à une nouvelle approche ?», s'interroge Sid-Ali...