Oran Juin 2004. La cour criminelle condamne un acte des plus odieux : un septuagénaire est retrouvé sans vie, battu et enterré vivant. Le jour du procès, l?accusé, G. G., 23 ans, le visage patibulaire, sûr de lui, lance des regards méprisants aussi bien à l?assistance qu?aux membres de la cour. «Je ne l?ai pas tué» ne cesse-t-il de répéter tout au long de l?audience qui se déroule dans une atmosphère pesante. Ce qu?il y a de plus révoltant dans le comportement de l?accusé, c?est la désinvolture avec laquelle il fixe les parents, amis et proches du défunt. Même la présidente de la cour n?y échappe pas. «Accusé, baissez le ton ! Pourquoi criez-vous ! Nous sommes dans un tribunal ! ? Et vous madame, pourquoi criez-vous ?» L?assistance est manifestement troublée par l?insolence du criminel, qui continue à se donner en spectacle, hurlant et gesticulant tel un forcené. «Je n?ai tué personne, que l?on me rende ma liberté. ? Vous avez pourtant reconnu avoir battu la victime à coups de pioche. ? S?il est vrai que je l?ai frappée violemment, il n?en demeure pas moins que je revendique mon innocence, car je jure que je ne l?ai pas tuée.» Alors que toutes les preuves réunies incriminent le mis en cause, celui-ci continue de nier en bloc les faits qui lui sont reprochés. «Ce soir-là, j?avais seulement voulu régler un différend entre la victime et moi, je l?ai alors emmenée dans un coin isolé et je l?ai frappée avec une pioche avant de l?abandonner, évanouie, mais je ne l?ai pas enterrée. Je suis innocent.» Les membres de la cour ne sont pas dupes. Cette affaire remonte au 12 avril 2003. L?accusé, G. G., et la victime A. L., un septuagénaire fort sympathique, ont pour habitude de traiter quelques affaires ensemble, entre autres la vente de cigarettes de marque étrangère. Ce jour-là, G. G. a une proposition intéressante : des cigarettes récemment importées de pays étrangers pour la somme de trente millions de centimes. A. L. accepte d?emblée et fixe rendez-vous à son ami dans la soirée, juste après la prière. En fait, A. L. ne se doute pas, un instant que G. G. a dressé un plan machiavélique afin de se débarrasser de lui. En effet, ce dernier a pris soin d?emprunter une pelle et une pioche à l?un de ses voisins et s?est rendu dans un coin isolé du Cap Falcon, sur le littoral ouest d?Oran. Sur les lieux, il creuse un grand trou destiné à accueillir A. L., puis, le plus normalement du monde, il se rend au rendez-vous fixé. Après s?être assuré que le septuagénaire était en possession de l?argent, il l?invite à le suivre sur le lieu du crime et, sans même lui laisser le temps de reprendre son souffle, il lui assène quelques coups de pioche sur la tête, s?empare des trente millions de centimes et enterre la victime encore vivante. Sur ce point, le rapport d?autopsie est formel : A. L. a été enterré vivant, il est mort par asphyxie. L?avocat de la défense fait appel à la clémence de la cour : «Mon client vient d?un milieu pauvre.» C?est tout ce qu?il trouvera à dire pour la défense de l'accusé qui, malgré sa situation critique, continue de narguer l?assistance de son regard chargé de mépris. Le représentant du ministère public requiert la peine maximale, mettant en exergue la gravité des faits. La cour se retire afin de délibérer et revient avec son verdict : G. G. est condamné à perpétuité. Il devra également verser 90 millions de centimes à la famille de la victime.