Constantine 7 juillet 2004. Le tribunal criminel délibère sur une affaire liée à un drame survenu à cause de quelques railleries. L?accusé se lève d?un bond : «Je l?ai frappé, certes, mais dans cette histoire, vous semblez oublier que le défunt s?en est pris à moi en se moquant de moi, comme si je n?avais aucune dignité? ? Mais était-ce une raison pour l?assassiner d?une façon aussi cruelle ? ? Je ne pouvais plus contenir ma colère M. le président?» Les faits remontent au 23 septembre 2003, à Béni Oulbane, dans la commune de Collo. Vers 18 h, dans l?enceinte d?une briqueterie, deux hommes sont en grande discussion depuis un moment. Mourad, un homme à l?impertinence surprenante, se moque de son collègue, la cinquantaine et père de neuf enfants. Intimidé, Salah bafouille et, dans un geste brusque, fait tomber son portefeuille? Lorsqu?il se baisse pour le récupérer, son «tortionnaire» fait mine de l?aider, et voilà qu?en l?espace de cinq secondes, c?est le drame? En effet, Salah sort un couteau et avec une violence inouïe, assène trois coups à la victime dans le dos. Sa folie meurtrière ne s?arrête pas là. Il continue de frapper. 22 coups de couteau sur plusieurs parties du corps de la victime qui s?effondre, en perdant beaucoup de sang. Transporté en urgence à l?hôpital, Mourad subit diverses interventions, notamment à l?estomac et au foie, les organes les plus touchés. Pourtant, au bout d?un mois, il décède. Le jour du procès, le représentant du ministère public met en exergue la gravité des faits. «L?accusé a commis un acte très grave. Ce n?est pas parce que l?on est sujet de moqueries que cela nous donne le droit de tuer? Je requiers la perpétuité.» La défense, pour sa part, axe sa plaidoirie sur l?état mental de l?accusé : «Notre client souffre d?un déficit mental. Nous demandons donc à ce que le chef d?accusation soit requalifié en coups et blessures volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner. Nous plaidons les circonstances atténuantes. Par ailleurs, le rapport du médecin légiste est clair : la victime n?aurait pas décédé des coups donnés par l?accusé, mais d?une infection contractée à l?hôpital.» La cour se retire afin de délibérer et rend son verdict : l?accusé écope d?une peine de douze ans de réclusion criminelle.