Résumé de la 10e partie n Les médecins vinrent à la barre pour se prononcer sur le profil psychologique de Barbeault. Ils conclurent tous qu'il était intelligent et qu'il n'était pas un malade mental. L'épouse de Barbeault témoigna à son tour : «C'était un bon mari, doux et attentionné avec les enfants. Je n'ai rien à lui reprocher... C'était un mari fidèle, je n'ai jamais pensé qu'il ait pu me tromper... Je n'ai jamais compris pourquoi il commettait ces cambriolages. Nous n'avions pas de mal à vivre...» Elle reconnut qu'elle avait pensé à divorcer. «Quand il est sorti de prison, j'ai décidé de lui donner une chance. Mais je l'ai prévenu que s'il recommençait, ce serait fini !... Il m'a menti deux fois... Chaque fois, il m'a assuré qu'il partait faire des renforts à l'usine et c'était faux !» Lorsque l'avocat de Barbeault lui demanda si elle pensait que son époux pouvait être le tueur, elle répondit : «Non, Marcel est innocent de tous ces crimes. Sinon, je ne serais pas restée avec lui.» Durant la seconde semaine du procès, les meurtres furent à l'ordre du jour. Les invraisemblances et les approximations alternèrent sans cesse avec les preuves irréfutables. Le cheveu brun présentait «une grande similitude» avec ceux de Barbeault. Il avait été établi que l'auteur du crime pouvait chausser du 42. Or, Barbeault chaussait du 43. Les marques observées sur le corps des victimes ou sur leurs vêtements pouvaient avoir été faites avec le poignard saisi dans la cave de Barbeault. Pourtant, à l'expertise, cette arme ne présentait aucune trace de sang. En revanche, la balistique était formelle sur la carabine Gekado découverte dans la cave de l'accusé. Les balles extraites du corps de Julia Gonçalves et Françoise Jakubowska avaient été tirées avec cette arme. Quant à l'autre arme, d'après les analyses des balles retrouvées à l'autopsie des trois autres victimes, il s'agissait d'une carabine Reina. Barbeault était accusé d'en avoir volé une au domicile de M. Landais en 1970. Les témoins, qui avaient reconnu Barbeault comme «le rôdeur dans le parc» ou «le rôdeur de la gare» juste après son arrestation, furent moins formels lors du procès. Cinq ans s'étaient écoulés, Barbeault avait grossi, s'était empâté et son visage était rougeaud. Un collègue de travail se rappela cependant que Barbeault était arrivé un jour à l'usine vêtu d'une parka tachée de sang. Barbeault, lui, continua de nier. L'inspecteur Daniel Neveu vint relater sa longue enquête et expliquer le raisonnement qui l'avait conduit à l'arrestation de Marcel Barbeault. Il évoqua les curieux cambriolages commis dans la région, tous attribués à Marcel Barbeault. Il s'intéressait aux photos intimes qu'il trouvait dans les pavillons visités. Au cours d'une perquisition chez Barbeault, les policiers avaient mis la main sur plusieurs objets volés. La thèse de l'inspecteur n'avait pas changé : le voleur et le tueur n'étaient qu'un seul et même homme, un voyeur. Le 10 juin 1981, l'avocat général dressa un réquisitoire de quatre heures et demie, à la fin duquel il réclama la peine de mort. L'avocat de Barbeault, lui, rappela que son client n'avait jamais rien avoué et que plusieurs preuves matérielles n'étaient pas solides. Vers trois heures et demie du matin, à l'issue de six heures de débat, les membres du jury tombèrent enfin d'accord. (à suivre...)