À peine pénètre-t-on dans la sphère d?Arzew qu?un relent âcre vous agresse les narines. On dirait un peu l?odeur des pots d?échappement à laquelle s?ajouterait un zeste de soufre, une larme de chlore. Pourtant, on ne voit aucune fumée, le ciel est même dégagé. «Les personnes qui visitent pour la première fois Arzew sont toujours un peu surprises, mais nous, nous ne sentons plus rien», affirme un monsieur sans âge aux yeux légèrement rougis. En revanche, lorsque les torchères «lâchent» leurs émanations polluées, alors, là, il faut vite rentrer à la maison, fermer les volets et plaquer les gosses à terre. Les gens suffoquent. La mort biologique des petits potagers est depuis longtemps consommée. Un climat terrible et malsain fait que la pollution atmosphérique est équivalente à celle de son liquide cellulaire, en plus du manque d?oxygène qui illustre, à lui seul, ce grave problème. Un enfant sur trois est atteint d?asthme chronique et des milliers de personnes vivant à Arzew ont effectivement vu leur état de santé se détériorer, parmi elles des malades chroniques (hypertendus, cardiaques, asthmatiques, insuffisants respiratoires ?).