Cap Djanet n?est plus, mais certains, qui l?ont connu, sont encore là. Parmi eux Mo Omar, le plus vieux pêcheur du cap. Il était le seul à y exercer en 1944. Il avait à peine 18 ans. Aujourd?hui âgé de 78 ans, Mo Omar se rappelle ce temps avec nostalgie, mais aussi avec amertume. C?est une époque où «nous, Algériens, n?avions pas le droit de nager. Seuls les Français avaient accès aux plages du Cap», a déploré Mo Omar, avant d?ajouter : «Nous nagions en cachette de peur d?être surpris par les colons.» Il parlera de son métier de pêcheur, de la pêcherie de son enfance, des marins italiens qui accostaient le Cap. Mo Omar évoquera le douloureux souvenir de ses deux enfants assassinés par le terrorisme et de deux autres qui ont renoncé au métier de leur père pour sauver des vies en tant que pompiers. Un autre pêcheur, d?une autre génération, issu d?une famille de pêcheurs, a travaillé sur des bateaux grecs. Ce pêcheur, converti à d?autres métiers, s?installera dans sa région natale pour devenir poissonnier et restaurateur. Nos deux interlocuteurs déplorent la situation que vivent les jeunes de Cap Djanet et les pêcheurs qui périssent en mer par manque de professionnalisme et d?encadrement, ainsi que la démission des autorités locales. Ils soulignent l?absence de projets de développement générateurs d?emplois. Tel est le cas du projet de port, datant de 1972, qui a fini par être abandonné. «Le village de Djanet est enfermé dans une cage», dira Abdelkader.