Portrait Mo Omar, de son vrai nom Mohamed Larfaoui, était l?unique pêcheur du Cap avec son ami Ali Ziani, décédé il y a quelques années. Il a appris son métier en 1942, à l?âge de 16 ans. Il se rappelle? «J?ai appris mon métier de pêcheur en 1942 avec M?hamed Messaoud qui a longtemps travaillé avec les Italiens. C?est un homme qui a vécu partout, à Alger, à Ghazaouet, etc. J?étais son apprenti. J?ai appris d?abord à utiliser le filet et à transférer les caisses de poissons hors de la barque pour les exposer en plein air, car avant on n?enfermait pas le poisson.» «Puis en 1944, j?ai acheté mon propre filet et ma première barque de 2,5 m. Cette dernière, je l?ai payée 11 dourous (1 dourou = 5 centimes). Alors que le filet, je l?ai acquis pour 2 000 dourous.» A cette époque, «il n?y avait même pas El-Marsa. Pas de pêcherie. Il y avait une simple cabane où nous mettions notre matériel et où je me reposais une partie de la nuit après que j?ai installé mon filet pour aller le récupérer au milieu de la nuit.» Mo Omar ne cache pas sa fierté pour le débutant avisé qu?il était : «J?étais très alerte et je ne perdais pas de vue mon filet, je sortais constamment en mer pour vérifier qu?il ne s?était pas détaché.» Il enchaîne : «Lorsque la tempête éclatait pendant la nuit, j?attendais qu?elle passe pour rejoindre le large récupérer ma prise.» Lorsque la prise était importante, Mo Omar a raconté qu?autrefois elle était livrée par train : «Nous avions un simple numéro de mandataire à qui nous expédiions la marchandise. Je le prévenais pour qu?il la réceptionne à Alger.» «Les plus belles pièces, je les vendais aux Français de la région du Cap et de Djanet ou à Bordj Ménaiel. Dans le temps, il y avait énormément de poissons, mais on en vendait peu.» Aujourd?hui, Mo Omar perçoit une maigre retraite de 7 500 DA, lui qui a consacré 40 à 45 ans de sa vie à la pêche. Il est retraité depuis 1986. «La loi exige 15 ans seulement», précise Mo Omar qui poursuit : «Ce métier est très difficile, il est ingrat et très dangereux, car il faut être rodé à la mer, la connaître et ne pas s?y aventurer pendant la tempête.» Il voue cependant de la reconnaissance à la mer qui ne lui «jamais pris un filet et où il n?a jamais eu d?accident».