InfoSoir : Comment le MCA a-t-il repris ses activités après l?indépendance ? Abdelkrim Kribi : Vous savez, juste après sept années de guerre tout le pays s?en est sorti affaibli. Pour ce qui est du Mouloudia on n?a pas dérogé à la règle. Les séquelles de la Révolution ont rendu le club encore beaucoup plus pauvre et n?étaient les dirigeants de l?époque et leur courage, on ne saurait ce qu?il serait advenu du MCA. Le dévouement des «trois D», Djazouli, Derriche et Djaout, et la présence d?un président hors pair feu Abdellah Benhabilès (pharmacien) a permis au club de revenir sur la scène même si cela a été difficile. Mais le MCA post-indépendance n?a pas réussi à s?imposer Comme je l?ai souligné tout à l?heure, les séquelles de la Révolution nous ont énormément touchés. Il fallait donc repartir sur de nouvelles bases et c?est là que des joueurs du cru ont commencé à émerger à l?image de Zenir, Hamid Tahir et Krimo Berkani pour ne citer que ceux-là. D?ailleurs cette génération chapeautée par feu Maloufi a réussi à offrir au MCA son premier titre en 1971. Il y a eu aussi l?éclosion de Bachi, venu d?El-Biar, Betrouni, Bencheikh, Mahyouz, Azzouz, Zerrouk et autres lesquels ont donné de l?éclat au Mouloudia qui a étendu son hégémonie sur le football national durant une décennie. Il ne faut tout de même pas oublier l?encadrement technique dirigé par des entraîneurs de qualité à l?image de Fouila, El Kamel, Khabatou et Lemoui. L?avènement de la réforme sportive en 1977 n?a pas été d?une utilité pour le MCA puisqu?il n?a remporté qu?un seul titre vers la fin des années 1970, une Coupe d?Algérie en 1984 et un championnat en 1999. Selon vous, à quoi cela serait-il dû ? Je pense que cette réforme sportive a signé la mort d?un aussi prestigieux club comme le MCA. Je parle ici dans le domaine purement sportif, car matériellement le MCA était le mieux loti ? on ne pouvait pas aller à l?encontre d?une décision politique ? il n?en demeure pas moins que la mise à l?écart des dirigeants, ceux qui ont façonné la notoriété du club, était, en quelque sorte, la cause des mauvais résultats. Même en 1989, lorsqu?on a rendu les clubs à leurs propriétaires, ce ne fut pas le cas du MCA. En 2001, le club a été repris par l?association El-Mouloudia, mais c?est toujours du surplace... Bien que je fusse un farouche opposant à la gestion de la Sonatrach, je reconnais que nos problèmes ont commencé après l?autonomie. Je rejoins, en dépit de nos divergences, l?avis de Drif qui disait que l?association devait s?autodissoudre. On était sur le point de signer la mort des autres sections. On voulait récupérer les sections de handball et d?athlétisme, je pense que c?était irréfléchi et impossible surtout que c?est sous le coup de l?euphorie. La preuve, on s?aperçoit que la gestion du football est tellement difficile que j?aurais aimé savoir comment nous aurions pu nous en sortir avec deux disciplines. Ce qui s?est passé lors de l?assemblée générale du Doyen n?honore guère ses dirigeants et toute la famille mouloudéenne... Il fallait s?y attendre, l?incompétence règne au niveau du MCA où un pouvoir occulte existe toujours au sein de l?association et c?est lui qui gère tout. Le problème du Mouloudia ne date pas d?hier et je pense qu?il est éternel. Il est tenu par l?obligation des résultats. Je crains beaucoup pour l?avenir du MCA.