Ici, il est de coutume de dire qu?on va faire le tour de la corniche pour parler d?une promenade à la périphérie de la ville, histoire de prendre l?air. L?expression peut prêter à rire parce qu?à Souk-Ahras, il n?y a pas plus de corniche que de mer, mais ceci n?empêche pas les habitants de sortir quand même quand la canicule les étouffe les soirs d?été dans leur appartement. La chaleur est plus écrasante à l?intérieur des nouvelles cités des quartiers ouest où vit le plus grand nombre. Une promenade forcée, en quelque sorte, s?est imposée à ces populations, non pas du côté de la «corniche», mais près de leurs immeubles, le long du boulevard qui part du rond-point Badji-Mokhtar à celui de Zarouri, sur presque 3 km. A partir de 20 ou 21 h, une animation particulière y règne. Femmes et enfants y défilent d?un pas nonchalant pour se rafraîchir, donnant à l?endroit un cachet haut en couleur et sécurisant. Des commerces y ont même ouvert pour la saison. Ainsi, on peut s?offrir un sandwich-merguez, un bourek ou une pizza chez l?un ou l?autre de ces nombreux restaurateurs de fortune qui se sont installés à même le trottoir qui longe ce tronçon de la RN 16 Sud. Un jeune promoteur a même eu l?idée de concurrencer les nombreuses cafétérias existant dans le secteur, en installant un espace commercial à ciel ouvert exclusivement réservé aux familles où l?on peut déguster brochettes, crèmes glacées et rafraîchissements à l?abri des regards indiscrets. L?endroit ne désemplirait pas, selon des habitués de l?endroit, au grand bonheur de son tenancier. De l?autre côté de la ville, à hauteur des vieux quartiers de Tagtaguia, de Bir Youcef et de la mairie, on se contente d?une veillée au seuil de son immeuble pour échapper à la suffocation. Même les femmes sont de la partie, elles, qui, d?habitude, rechignent à sortir. Elles s?assoient pour la plupart à même le sol et papotent autour d?une meïda de thé jusqu?à des heures tardives. Et il en va ainsi pendant tout l?été.