Opération Un véritable coup de filet dans les rangs des contrefacteurs de l?art aura été réussi récemment par les agents de l?Onda. Combien avons-nous écouté jusque-là de «fausses» notes de musique, regardé des «faux» films et scruté de «faux» clips ? Beaucoup, si l?on se réfère au nombre effarant de 30 000 CD contrefaits saisis récemment par les agents de l?Office national des droits d?auteur (Onda), d?habitude peu loquaces à propos du phénomène de la contrefaçon qui bat depuis des années tous les records. Mais pour des observateurs avisés, ces 30 000 «faux» ne forment qu?une insignifiante goutte dans l?immense océan de la contrefaçon qui gangrène un marché de l?art algérien devenu une proie facile aux «prédateurs», car n?ayant pas le moindre repère juridique. L?été, période de grande écoute et d?audience télévisuelle, est ainsi une période propice pour faire écouler en grandes quantités ces produits dénudés. Ni griffe ni droits d?auteur. Les «faux» Khaled, les «faux» Cranberries, les «faux» Idir et les faux chefs-d??uvre de Paramount et autres Columbia Pictures se côtoient sans vergogne et en toute impunité et inondent quotidiennement le marché tant il est difficile aux «criminologues de l?art», activant le plus souvent avec des moyens de fortune, de contrer, dans un interminable combat du chat et de la souris, les astuces hautement technologiques des contrefacteurs qui, par la grâce d?Internet, opèrent dans des conditions très avantageuses et génèrent, du coup, des profits colossaux. Oran détient la palme en matière de ces transactions. Les raisons sont évidemment toutes simples : El-Bahia est, en effet, une ville à grande audience, mais surtout un carrefour par lequel transitent allègrement les contrebandiers de CD, vers le Sud, l?Ouest et même en direction du Maroc qui constitue une filière de choix. Les autres villes viennent loin derrière. Seules Alger et Sétif, si l?on se fie aux chiffres arrêtés par l?Onda, constituent un marché juteux pour cette forme très lucrative de la contrefaçon. Trois catégories de victimes en pâtissent : le consommateur qui trouve rarement l?astuce pour séparer le bon grain de l?ivraie se contentant le plus souvent d?acheter la «fausse copie», le producteur qui voit ses années de labeur voler en éclats en comptabilisant des millions, voire des milliards de centimes de manque à gagner, car n?étant guère en mesure de préserver sa propre estampille et enfin un fisc impuissant face à la catastrophe et forcé de céder la mine d?or aux pirates des CD. La vaste opération enclenchée par l?Onda à travers 23 wilayas a confirmé l?ampleur des dégâts : 15 000 supports saisis à Oran, capitale du raï, la musique la plus propice à la contrefaçon, car la plus prisée, 7 000 au marché informel d?El-Eulma et plus de 5 000 autres à Alger, pour ne citer que les grandes prises. Les pirates ne reculent devant aucun produit susceptible de retrouver des milliers de clients branchés été et désireux de savourer un beau répertoire raï sous un parasol au bord de la mer. Il leur suffit de télécharger des albums entiers ou des films en prenant, bien évidemment, en compte des produits qui marchent le mieux, de graver les faux CD et enfin les vendre tutti quanti à des prix attractifs, bien moins chers que ceux du produit authentique.