A la tête d?une entreprise en pleine expansion, le Lazaret Transit et Activités Connexes (Latraco), Abdelhafid Mihoub est un homme d?action qui conjugue les compétences à l?innovation pour se frayer une place dans le marché national, tout en cachant mal son ambition de conquérir des créneaux internationaux. InfoSoir : Question classique pour débuter cette interview : Latraco en quelques mots? Abdelhafid Mihoub : Latraco est une Eurl créée en 1998, relevant du groupe Sotracov, spécialisée essentiellement dans l?élevage et l?engraissement des viandes rouges (bovine, ovine et caprine). La race caprine a été introduite pour sa double vocation de productions de viande et de lait, et tout récemment le dromadaire à la ferme de Tadjemout de Laghouat. Latraco intervient aussi en amont et en aval de la filière viande en assurant à ses propres unités et aux éleveurs du secteur les productions de fourrages en vert et en sec (foin), mais aussi de l?orge, du maïs, de l?aliment de bétail et de la paille. L?aliment de bétail ou concentré est fabriqué sans ajout de substances chimiques, ce qui fait que nos produits viandes, laits et dérivés sont vraiment bio. Outre ses unités de Birtouta, de Aïn Oussera, de Berrouaghia, de Bouira et de Tadjemout, Latraco possède son propre réseau de commercialisation, avec trois points de vente, et qui est pressenti s?étendre à travers plusieurs endroits du pays durant les années à venir. Sans oublier les autres prestations de services, comme l?entreposage frigorifique, le transport du bétail ou le consulting en agroélevage, entre autres. Mais la pierre angulaire de votre activité n?est-elle pas le lazaret ? Effectivement, le lazaret reste l?activité principale de notre entreprise. La capacité instantanée du centre de transit de Birtouta, qui, au passage, répond à toutes les normes de quarantaine et d?élevage, est de 1 000 têtes bovines. Ce lieu sert évidemment à la quarantaine obligatoire des troupeaux importés par l?entreprise et tous les autres opérateurs du secteur et les éleveurs privés. Ils y trouveront toutes les conditions idéales pour leurs bêtes et sur tous les plans. Qu?en est-il des chances de voir les viandes algériennes conquérir des marchés étrangers ? En ce qui concerne les viandes, je peux vous dire que les qualités organoleptiques et gustatives du mouton algérien, comme la race Ouled Djellal par exemple, sont inégalables. L?aspect engraissement est aussi important du fait que cette race vit dans la steppe et possède un mode de vie et une alimentation qui font son raffinement. Les témoignages de tous ceux qui ont goûté cette viande, notamment les étrangers, sont unanimes : elle a un goût exceptionnel ! Beaucoup d?entreprises étrangères justement sont intéressées par cette viande qui est très différente de celles d?Océanie ou d?Amérique du Sud. C?est pourquoi nous envisageons sérieusement de développer l?exportation de cette viande, à commencer par notre communauté en Europe qui en est friande, notamment à l?occasion des fêtes de l?Aïd el Kebir, du ramadan, des mariages et autres. Nous avons prospecté ce marché, y compris sur le plan des prix, et croyez-moi lorsqu?il s?agit d?une viande algérienne les gens sont peu regardants sur le prix à payer. Déjà que par sa morphologie, le mouton algérien se vend tout seul ! Parmi les projets que vous comptez lancer dans un proche avenir, il y a celui de l?autruche, qu?en est-il exactement ? Le projet de l?autruche est en gestation depuis quelque temps déjà, et on voudrait bien développer ce créneau, car nous possédons les possibilités matérielles en l?occurrence la ferme de Tadjemout à Laghouat avec de grandes superficies qui conviennent à cet élevage ainsi que d?autres conditions. D?ailleurs, on compte lancer des études dans ce sens par le biais du Bneder par exemple. Pour ce qui est du camelin, ce sont également des viandes rouges, mais nous, nous avons opté pour un troupeau reproducteur et non pour l?abattage et ce, dans le but de préserver la race. Comment expliquez-vous que le prix des viandes rouges reste très élevé, quelles que soient la saison ou les conditions du marché ? A mon avis, et ce n?est qu?un avis personnel, le prix de la viande reste, qu?on le veuille ou non, tributaire de l?offre et de la demande. Voyez, malgré l?avènement des viandes blanches depuis les années 1970 et l?introduction dans le marché de plusieurs produits aussi variés que riches, l?Algérien reste un grand amateur de viandes rouges qu?il consomme durant les fêtes religieuses ou autres, le ramadan... N?oublions pas, par ailleurs, que les conditions d?élevage en Algérie, même si leur potentiel est immense, demeurent peu exploitables et subissent de plein fouet et de manière régulière les aléas climatiques et le manque d?eau. Ce qui rend non seulement le coût de l?aliment cher, mais aussi celui du concentré (aliment de bétail) et des autres facteurs de production (prophylaxie?). Et puis, ne croyez pas que l?UF (Unité fourragère) est gratuite tel que le pensent certains !