La direction des lieux, pressentant comme chaque année un tel rush, a égorgé 1100 agneaux et 40 bovins, soit l'équivalent d'une semaine ordinaire de travail. Car ici les prix sont de 100 DA à 130 DA moins cher que chez les bouchers. «C'est l'affaire», lance un acheteur rencontré sur place. Celui-ci venait d'acheter 10 kg de viande, soit la moitié d'un mouton, pour 8000 DA. Toute contente, une mère de famille accompagnée de deux autres femmes venait d'acquérir une carcasse entière de mouton. Elle se dit fière d'avoir négocié dans un milieu où les hommes sont les meneurs. « C'est la première fois que je viens seule pour acheter de la viande dans cet abattoir », ajoute-t-elle. De son côté, un homme âgé a fait remarquer l'insalubrité des lieux. Pour lui, il n'est pas très commode qu'un égorgeur travaille sans tablier. « Les abats sont mis de côté sans aucune protection alors qu'ils devraient être mis au frais », signale-t-il. Mis à part cette anomalie, les conditions d'hygiène au niveau des salles d'immolation ne sont pas déplorables. Sur place, des nettoyeurs, tuyaux à la main, lavaient les lieux à grande lieu. Dès 7h, les lieux connaissent une grande affluence des consommateurs. Une heure après, « l'accès à l'abattoir était déjà noir de monde », affirme Moussa Bouderouaia, directeur des Abattoirs d'Alger. « Les gens ont acheté des quantités considérables de viande », ajoute-t-il. Il y a eu même qui ont pris des carcasses de mouton. Mais pour M. Bouderouaia, cet « envahissement » n'a rien d'impressionnant. « C'est devenu une coutume à chaque occasion particulièrement durant le ramadhan et à l'approche de l'Aïd », observe-t-il. D'où la mobilisation du personnel au niveau des structures et des salles d'immolation. «Le travail se poursuit au quotidien », indique le DG. Sur place, trois cabines frigorifiques contenants 60 tonnes de viande bovine fraîche importée ont été dressées. LES PRIX SERONT DANS LES NORMES Pour ce qui est de l'augmentation du prix de la viande, M. Bouderouaia explique que ce phénomène ne perdure pas et que tout rentrera dans les normes à partir du second ou troisième jour du ramadhan. Et pour cause, « des centaines de tonnes de viande bovine ont été importées pour atténuer un tant soit peu le coût et créer un équilibre », poursuit-il avant de préciser que Latraco (Lazaret transit et activités connexes), a prévu la création d'un grand lieu d'abattage durant le mois de ramadhan pour participer à la baisse des prix de la viande. Pour M. Bouderouaia, la flambée des prix à la veille du mois sacré est « naturelle » mais exagérée par rapport aux années précédentes. « C'est devenu un état d'esprit particulièrement chez les maquignons dont la vente par crédit a diminué et la production aussi », a-t-il expliqué. S'étendant sur 24 000 m2 avec une capacité totale de 480 bovins et plus de 5000 ovins par jour, l'abattoir de Ruisseau est doté de 3 salles d'abattage de 3250 m2, des écuries aménagées de 3764 m2, d'une capacité de 300 bovins et de 6000 ovins, un ensemble frigorifique constitué d'un rez-de-chaussée et d'un étage de 1068 m2 avec un volume de 4127 m3. On y trouve aussi 26 carreaux d'égorgeurs, 76 employés, des centaines de maquignons, des bergers et des chevillards formant le « petit monde » du circuit privé de l'abattage.