Au FLN, les dagues sont tirées et aiguisées pour une nuit prochaine des longs couteaux. Les descentes en règle, et qui se voulaient punitives contre des permanences du parti aux quatre coins du pays, les attaques verbales et virulentes contre Benflis, lancées par ceux qui sont considérés comme hommes du président, ne peuvent signifier qu?une chose : le linge sale ne se lave plus en famille et les eaux troubles de cette grande lessive, commencée au grand jour, peuvent entraîner, comme des alluvions, les effets de la victoire FLN aux dernières communales. Que restera-t-il dans quelques jours, dans quelques semaines d?un FLN qui, il y a moins d?un an, avait le vent en poupe et les commandes entre les mains ? Quelle que soit l?issue finale de ce bras de fer entre Benflis et la dissidence éclatée juste après le dernier congrès, séquelles et conséquences seront importantes, surtout que la tension ne cesse d?atteindre, chaque jour, des degrés plus hauts. Ce n?est pas seulement Benflis qui est contesté. C?est toute son équipe. C?est tout son travail, toute sa ligne. Les reproches ne manquent pas, Hadjar, Barkat et les autres se sont chargés de les exprimer en mots aigre-doux d?abord, avant de déterrer carrément la hache de guerre. Cependant, leur argumentaire n?a pas soulevé l?ire générale de la base. Ce n?est que partie remise ? Certainement. pour sa part, l?actuelle direction du FLN contre-attaque. Elle pointe un doigt accusateur vers des cercles du pouvoir que Benflis se garde, dans sa frilosité habituelle, de nommer. Elle accuse Zerhouni de travailler, par le biais d?une cellule occulte, à l?invalidation des résultats qui ont consacré Benflis. Le ministère de l?Intérieur se sent obligé de démentir. Mais ce n?est pas le communiqué des sources de Zerhouni qui mettra fin à des passes d?armes appelées à se multiplier. De quoi sera donc fait demain pour un FLN entré dans une dangereuse zone de turbulences ? Avec l?échéance de la présidentielle, les choses finiront par se décanter : ou Benflis sera chassé par la petite porte ? il n?aura même pas le droit au traditionnel coup d?Etat scientifique, entré dans les m?urs du parti, ou alors une voie royale s?ouvrira devant lui à même de le conduire au palais d?El-Mouradia. C?est l?une ou l?autre de ces options qui se présentera au secrétaire général du FLN. Aura-t-il les moyens de sa politique, celle de libérer le parti de toute tutelle comme il n?a cessé de l?affirmer ? A ce jour, le FLN «new-look», version Benflis, n?est pas encore né et son programme risque de connaître de sérieux coups d?arrêt lorsque Bouteflika et son équipe voudront relancer leur OPA sur le FLN d?ici à avril 2004. Pour tirer profit au maximum de cette véritable machine électorale d?un parti rompu aux arcanes du pouvoir.