Rencontre Les deux présidents se retrouvent, ce lundi, pour dépassionner les débats et parler ouvertement de l?avenir loin de toute suspicion. Le président français Jacques Chirac a invité à déjeuner son homologue algérien ce lundi. C?est ce qu?a annoncé l?Elysée qui note qu?il n?y aura pas d?ordre du jour précis, s?agissant «d?une rencontre informelle» qui «s?inscrit dans le renforcement des relations entre la France et l?Algérie». Néanmoins, «tous les sujets seront abordés». Ainsi, après le faste du cérémonial de la célébration du 60e anniversaire du débarquement des Alliés en Provence auquel le président algérien aura été un invité de choix en dépit d?une multitude de voix dissonantes dans les milieux français les plus hostiles, Bouteflika et Chirac se retrouvent pour un déjeuner en tête à tête. Un énième face-à-face afin de dépassionner les débats et surtout dissiper les gros nuages qui font depuis quelque temps le va-et-vient entre le ciel ombragé d?Alger et de Paris. La présence de Bouteflika à cette célébration a, faut-il le rappeler, suscité une vive polémique en France, en raison notamment de ses déclarations antérieures quant au rôle des harkis qu'il avait comparés aux «collaborateurs» de la Seconde Guerre mondiale, une question sensible entre Paris et Alger. Entre la question des harkis, des indemnités des soldats algériens morts pour la métropole durant «14-18», la reconversion de la dette algérienne, les relations spécifiques, les deux pays trouvent malgré tout un moyen idéal pour discuter de sujets brûlants sans animosité aucune, même si une certaine opposition, côté français, se fait sentir pour tenter de faire capoter toute velléité de vrai rapprochement. Le ballet diplomatique de part et d?autre laisse présager aujourd?hui que les relations algéro-françaises se veulent pragmatiques, réalistes et loin de toute suspicion handicapante. Et pour donner le la de ce nouveau rapprochement stratégique entre les deux capitales, Chirac a annoncé avoir décidé, «à titre exceptionnel et unique, de conférer à la ville d'Alger, en tant que capitale de la France combattante, la croix de la Légion d'honneur». Chirac avait effectué, rappelons-le, une visite d'Etat en Algérie en mars 2003, puis s'était rendu à Alger en avril 2004, une semaine seulement après la réélection de Abdelaziz Bouteflika. A l?époque, il avait souhaité la conclusion entre la France et l'Algérie d'un «traité d'amitié», à l'image du Traité de l'Elysée fondateur de l'entente privilégiée entre la France et l'Allemagne. Le 21 juillet dernier, le président français avait présidé à l'Elysée une réunion avec une quinzaine de ministres pour évoquer le renforcement de la coopération entre la France et l'Algérie, avec la perspective de conclure ce traité d'amitié en 2005. Les négociations devraient s'ouvrir en octobre.