Portrait Les deux jeunes sinistrés se rendent chaque jour à la plage. Guidés par la voix des vagues, ils s?adonnent à d?interminables parties de foot sur le sable doré. Riad s?amuse sur la plage avec son ami Rabah. Des tirs fous de ballon, des coups de tête et des échanges de rires. «Vas-y, allez ! Oh ! Mais tu perds tout le temps la balle» «Tu n?as qu?à bien viser. Fais au moins un effort et arrête de me jeter des reproches !» De véritables champions juniors, qui s?entraînent et s?amusent sur la plage Issaline de Dellys. Le foot c?est leur passion, leur vie surtout. Les deux amis se rendent chaque jour à la plage. Ce sont des sinistrés de la ville de Dellys, dont le site jouxte la grande plage. «Où voulez-vous qu?on aille !? Qu?on pourrisse dans les chalets étouffants et exigus ?», lance Riad. «Même ici, nous n?avons pas de lieux précis de détente. C?est à nous d?inventer des espaces de jeu et de divertissements», rétorque Rabah en coupant la parole à son ami. C?est le second triste été qu?ils passent. «Vous savez, ce n?est pas facile de vivre alors que chaque coin de la ville nous parle du drame. La douleur, nul ne peut l?effacer. C?est comme ça.» Ils attendent encore le relogement comme tous leurs voisins et amis. Les deux jeunes affirment que l?absence de projets locaux et d?investissements enferme la ville, car les estivants se font de plus en plus rares. Les services et les infrastructures touristiques proposés sont vétustes. Aucune opération de rénovation ou restauration n?a été effectuée. Ce qui explique l?absence des estivants et des touristes. Les infrastructures d?accueil sont inexistantes. «Nous sommes des habitants de la ville et nous sommes dégoûtés par ces lacunes. C?est décourageant. Il y a des gens qui viennent, sans s?attarder ici. La vue des touristes est encourageante. Mais où peuvent-ils loger ? S?ils n?ont pas une famille pour les accueillir, ils ne viennent pas ici. Ce n?est pas la peine !» précise encore Riad. La vue de la plage n?est pas non plus agréable. Quelques familles ont installé leurs parasols, d?autres jeunes sont étendus sur le sable. Point de gargote, de boutiques, de pizzerias, de cafétérias.... Quelques agents de la Protection civile rôdent. Un drapeau orange indique que la baignade est autorisée bien que la mer soit un peu agitée. Pourtant, les vagues énormes qui s?éboulent sur le sable ne découragent guère les estivants.