Résumé de la 4e partie Moore pénètre chez Ibrahim Khan qui, entendant un bruit, se retourne dans son lit. Il va frapper Moore quand le couteau que tenait ce dernier s?enfonce dans son cou. Au lever du soleil, il se présente à l'une des portes. Trois soldats dont un sous-officier lui demandent ses papiers. Le général y a lui-même remplacé la photo et modifié le nom dans un bricolage qui sauterait aux yeux du plus bête des gardes frontières européens. Les soldats l?examinent avec une attention d'autant plus touchante qu'ils sont visiblement analphabètes. Comme il le craignait, moins parce que les papiers leur semblent suspects que parce qu'ils ont des consignes, ils le font entrer dans une pièce voûtée, humide et sombre où se trouvent déjà une demi-douzaine d'hommes assis sur des bancs de bois. Il attend depuis une demi-heure lorsque le téléphone retentit dans le poste de garde. Aussitôt après, c'est une agitation frénétique des jeeps qui partent et qui reviennent, le téléphone qui sonne, le sous-officier qui tourne la manivelle et hurle dans le combiné. Les minutes, les quarts d'heure, les heures passent. Dans la pièce voûtée, il y a maintenant quinze personnes de toutes races, de toutes religions et de toutes conditions sociales qui hurlent à qui mieux mieux et dans toutes les langues. Qu'est-ce qu'on attend pour les laisser partir ? C'est inadmissible ! Les Européens vont se plaindre à celui-ci, à celui-là. Seuls les Indiens demeurent silencieux et résignés. L'un d'eux en a profité pour s'allonger sur un banc et dormir. Les autres, comme il se doit, se serrent et respectent son sommeil. Il est évident que Mohamed Ibrahim Khan n'étant pas dans sa chambre ; on doit le chercher partout. Un officier embarrassé vient plusieurs fois dans la salle où l'atmosphère devient étouffante. Voyant qu'on continue d'y entasser les suspects, il semble prendre une décision. Moore voit avec inquiétude un sous-officier sauter dans une jeep et foncer dans la ville. Il revient une demi-heure plus tard, mais il n'est pas seul. Avec terreur, le général reconnaît, assis à côté de lui, le gros consul barbu et moustachu. Il descend péniblement de la jeep, accueilli par l'officier qui lui demande en marchant vers les suspects : «Vous connaissez le général Moore ? ? Un peu. ? Vous pourriez le reconnaître ? ? Oui, oui, je crois.» Et le gros homme ajoute : «Est-ce que vous les avez fouillés ? ? Oui. ? Vous n'avez rien trouvé sur eux ? ? Non. ? Pas de grosses sommes en dollars ? ? Non.» Lorsqu'il se penche à son tour dans l'ouverture du cachot improvisé, le consul reste interdit : il reconnaît du premier coup son costume pied-de-poule. Le général ne lui laisse pas le temps de réfléchir. «Si vous nous faites sortir de là, dit-il, dès que je serai aux Etats-Unis, je vous enverrai mille dollars.» Le gros homme n?hésite pas longtemps, cinq ou six secondes peut-être. S'il dénonce le général, il ne reverra jamais ses mille dollars. C'est évident. Sinon il a une chance. Il se retourne vers l'officier et déclare : «Je ne reconnais pas le général parmi ces messieurs.» Une semaine plus tard, Russel Moore quittait l'Inde par avion pour débarquer quelques jours plus tard dans la bonne ville de Denver, où il retrouvait femme et enfant. Il est aujourd'hui directeur d'un important cabinet d'assurances. Il a envoyé, paraît-il, les mille dollars au consul des Etats-Unis à Mirpour. Mais il n'est pas sûr que cette somme soit parvenue à destination. Car longtemps après son départ, l'Inde et le Pakistan, la Chine et la Russie se sont disputé la ville.