Palettes ■ Amor Driss LamineDokmane et Taher Hedhoud révèlent une même ambition, mais deux dimensions esthétiques différentes. C'est un tout autre registre artistique, après «les semelles de vent» à l'ICF que Amor Driss Lamine Dokmane donne à voir au niveau de la galerie Asselah Hocine. Usant de la technique mixte dans la vingtaine de ses créations, l'artiste-peintre a joué des teintes fluorescentes, froides, chaudes selon le sujet travaillé. En effet, chaque tableau use d'une seule et unique teinte que l'artiste obscurcit ou illumine selon sa place sur la toile. L'inspiration puise dans les sentiments intimes avec «Il pense à elle», «rendre jalouse», «Complicité d'automne»... La Casbah et ses les légendes n'ont pas laissé insensible Dokmane. Ce dernier laisse son imagination inventer l'autre regard intérieur avec lequel il voyage par la couleur et les pinceaux dans «oud et Casbah», «dialogue sur la terrasse», «ilot de la Casbah ». Les globes oculaires reviennent, un regard scrutateur, des lèvres, presque un monde utopique. Avec tout cela des teintes positives, des roses, oranges, violets, sans parler des gouttes d'or çà et là parsemées sur les œuvres. Taher Hedhoud, plasticien dans le sens large du terme puisqu'il est peintre, sculpteur, scénographe tout en étant impliqué pleinement dans la vie artistique de sa ville, Tébessa. L'art abstrait de Hedhoud dans cette exposition fait appel à la symétrie. Formes géométriques, équilibre des configurations et palette de couleurs contrastées qui évoluent de l'aubergine au noir en passant par le bleu-nuit et le gris. Des teintes d'ombre sans pour autant que cela négatif mais esthétiquement employées. Les références sont cependant soit existentielle « violence contre les femmes » ou «liberté d'enfant » « soit métaphysique « la voix de la mort ». Deux toiles attirent le regard par leur originalité. Allant dans le sens de la longueur, de formes rectangulaires, elles représentent des formes géométriques et des tons comme l'orange et le rouge intenses, sans contraste. Les deux styles sont de facture personnelle et particulière avec des techniques propres à l'un et à l'autre selon l'évocation intime de chacun des deux artistes. La galerie Asselah Hocine est depuis deux ans dirigée par un professionnel, Omar Khiter qui fait en sorte de faire appel «aux artistes du pays profond pour qu'ils viennent exposer dans la capitale». Il signale de par son parcours artistique et la gestion de la galerie, il connait presque tous les artistes-peintres évoluant en Algérie, leur tendance et leur vision artistique. Promouvoir l'art algérien et les plasticiens et voir émerger des talents, tel est le vœu de ce fan du saxophone dont il est un joueur pro. La galerie Asselah bien située géographiquement attire le visiteur et les curieux « qui viennent souvent par hasard mais reviennent pour d'autres expos une fois qu'on leur explique la place de l'art de la peinture et la vocation des personnes qui viennent montrer leur travail et leurs tableaux. Nous avons un taux de fréquentation appréciable », explique-t-il. Et d'annoncer : «Les prochains peintres qui vont exposer sont Moukedess Nouredine de Sidi Bel Abbès du 27 septembre au 17 novembre, Lamine Azouzi de Batna du 18 au 31 novembre et Hadia Hadjeress de Sétif du 2 au 20 novembre.»