Résumé de la 6e partie ■ Le vieux Abdellah commence à trouver l'attente pesante. Il fait tout pour éviter le vieux Nafaâ et son fils. Abdellah était à court d'arguments et il lui arrivait de se dire que le vieux Nafaâ et son fils étaient pour quelque chose dans la disparition de son fils. Ils devaient souhaiter ardemment la mort de Bélaïd, ne cessait-il de se dire parfois, puis il maudissait Satan qui lui inspirait ce genre de pensées...Cheikh Nafaâ et son fils ne pouvaient pas avoir l'esprit obnubilé par ce genre de désirs macabres. C'était lui au contraire qui avait indisposé tout le monde avec son entêtement... Il savait bien pourtant que nul ne maîtrisait son destin. Ce jour-là, c'était un vendredi, il croisa cheikh Nafaâ à la sortie de la mosquée et il lui dit : — Mon frère, je crois que mon fils Bélaïd ne reviendra pas... J'ai encore discuté avec quelques moudjahidine appartenant à un autre village se trouvant derrière les collines que nous voyons de chez nous et ils m'ont dit qu'ils connaissaient bien mon fils. Ils ont ajouté avec amertume qu'il avait été affecté dans une région du pays où les combats avec l'armée coloniale avaient été des plus meurtriers notamment pour nos moudjahidine. — Il est donc tombé au champ d'honneur ? fit le vieux Nafaâ. — Non, ils ne m'ont rien dit de tel mais ils m'ont laissé entendre que cette douloureuse perspective était très possible. Le vieux Nafaâ demeura un moment silencieux puis soupira : — S'il est vivant espérons qu'il revienne bientôt parmi les siens et s'il a été touché lors des combats, à l'heure qu'il est il doit être au Paradis...N'est-ce pas Cheikh Abdellah que les martyrs vont au Paradis ? — Je ne sais pas, mon frère... C'est pourtant ce que l'on dit...mais moi, aujourd'hui, je te dis que tu peux me demander la main de Dahbia... Je te l'accorde... Les muscles du vieux visage de Nafaâ se raidirent et des larmes se mirent à dégouliner de ses yeux bleus pour finir leur course sur ses moustaches rousses. Il n'avait pu retenir ses larmes parce qu'il savait la douleur qu'avait dû surmonter son vieux voisin pour prendre une telle décision...Une décision qui avait tout l'air d'être la mise à mort de son fils... Mustapha qui aimait ardemment Dahbia se dit qu'il serait bientôt l'homme le plus heureux du monde. A suivre