Résumé de la 39e partie ■ 254 Rentrée chez elle Mme Claire se sentait anéantie, une étrange lassitude avait envahi tout son corps... Il avait plein d'autres qualités à son actif ! Mais n'était-elle pas un peu folle, elle, Claire Verier, de s'intéresser autant à lui ? Elle ne pouvait pas ignorer la différence d'âge qui les séparait : quinze ans, presque ! Et encore : quand il enlevait sa blouse blanche, il faisait jeune homme, tandis qu'elle, avec ses cheveux blancs, elle pouvait difficilement cacher son âge. La différence entre eux resterait de toute façon très visible. D'un autre côté, il lui avait dit adorer les femmes aux cheveux grisonnants. Et puis, s'ils s'aimaient, quelle importance, après tout ? Aimer ? Claire n'avait jamais aimé qu'une fois dans sa vie. Cela s'était passé six ans plus tôt, alors que ses cheveux commençaient déjà à grisonner : juste quelques mèches qui adoucissaient la sévérité de ses traits. Elle avait aimé éperdument, persuadée que plus jamais elle ne pourrait connaître de sentiments aussi intenses ! Celui qu'elle avait aimé avec tant d'emportement n'était pas du tout le même type d'homme que Jacques : plus trapu et très brun, des cheveux coupés court, alors que le docteur Durand arborait avec nonchalance une longue chevelure blonde et bouclée qui lui donnait une allure romantique. Et voilà que le blond, dès la première rencontre, commençait à chasser le souvenir du brun ! Elle ne put trouver le sommeil. Allongée à même son lit, sans avoir pris la peine d'ôter les couvertures et de se déshabiller, elle revécut dix fois, vingt fois, sa visite à la prison... Toutes les personnes rencontrées défilaient inlassablement dans sa tête : Sosthène, madame Lecocq, Solange la bibliothécaire, Catherine la cuisinière, les Américaines, la Baronne, sœur Dorothée, Irma... Et à chaque fois le film ralentissait au même moment : l'instant précis où le docteur Durand avait fait son apparition dans l'infirmerie. Elle revoyait alors avec une précision étonnante le moindre détail de leur rencontre, jusqu'au moment où ils s'étaient séparés devant la maison de retraite... Quand le jour fut levé, elle fut arrachée à sa torpeur par deux coups frappés à sa porte. Une porte qu'elle ne fermait jamais à clé, ayant pris en horreur toutes les serrures et cadenas depuis qu'elle se rendait à la prison. Après qu'elle eut dit «Entrez !», une religieuse au visage souriant apparut dans l'encadrement de la porte. — Il y a deux surprises pour vous, ce matin, madame Claire ! D'abord une lettre qui semble venir de loin, et puis ces splendides roses. Tout en parlant, sœur Amélie, qui remplissait la fonction de portière de la maison de retraite, brandit un bouquet éclatant. Aussi bavarde qu'elle était plantureuse, elle expliqua : — Je les ai comptées. Il y en a douze. Toutes magnifiques. Regardez ce rouge, comme il est profond. A suivre