Résumé de la 70e partie ■ Claire entra dans la chapelle, s'agenouilla et fixa le cercueil. Elle pensait à Eliane avec beaucoup d'émotion... Si Claire, poussée par la volonté d'écarter une rivale potentielle, n'avait pas précipité le départ à Biarritz, sans doute Eliane serait-elle encore vivante aujourd'hui. Mais que se serait-il passé, à la place ? Jacques se serait peut-être alors intéressé à l'ancien mannequin, et cela, elle n'aurait pu le supporter... Quel beau gâchis, quoi qu'il en soit ! Maintenant, Eliane était morte, et Claire se retrouvait de nouveau seule, puisque Jacques avait tout rompu en apprenant quel métier elle avait exercé avant d'être visiteuse. Elle se maudissait de lui avoir fait cette révélation dans un moment d'énervement. Rien ne l'obligeait à tout lui dire ! Mais elle comprenait parfaitement que l'orgueil du jeune médecin se soit révolté ; il pouvait croire, à bon droit, que si Claire s'intéressait à lui, c'était uniquement pour son argent. Claire se sentait terriblement coupable et démunie ; coupable, plus ou moins directement, de la mort d'Eliane, puisque c'est elle qui avait favorisé la rencontre de la détenue avec le nouveau docteur, et démunie devant son propre destin qui la renvoyait, sans doute pour toujours, à la solitude du cœur. Il ne lui restait plus qu'à prier, comme le faisaient l'aumônier, sœur Dorothée, et peut-être aussi, à leur manière, Agnès et la Camerounaise. «Comment réparer ma faute ?» se demandait Claire. Et, peu à peu, l'idée de se confesser - de confesser tout son passé et toutes ses fautes - faisait son chemin dans l'esprit de la visiteuse. Le père Gourny saurait-il la comprendre, en écoutant les révélations terribles qu'elle serait amenée à lui faire ? D'un autre côté, étant donné ce qui s'était passé, seul un homme de Dieu pouvait recevoir son secret... Quelques minutes avant la cérémonie, la chapelle s'était progressivement remplie jusqu'à être archicomble. C'était à croire que toutes les détenues qui n'étaient pas astreintes à un travail avaient mis un point d'honneur à participer à cette messe. L'équipe administrative était là aussi au grand complet, directrice en tête. Madame Claire se trouvait dans la même rangée que la mère et la sœur de la défunte. Ni l'une ni l'autre ne ressemblaient à l'ancien mannequin. Encore tenaillée par le remords, la visiteuse gardait son regard rivé sur le cercueil dont le spectacle l'obsédait. Elle avait quand même remarqué l'absence du docteur Durand. Il s'était fait représenter par son remplaçant, un grand gaillard brun à peu près du même âge que lui, mais qui était loin d'avoir son charme. Pourquoi Jacques n'était-il pas venu ? Se sentait-il coupable, lui aussi ? Ou bien, devinant que Claire assisterait à l'enterrement, il n'avait pas souhaité la revoir ? Cette éventualité tourmentait la visiteuse. Pendant l'office, la chorale des détenues, accompagnée à l'harmonium par sœur Agathe, délivra ses chants d'espérance et d'apaisement. A suivre