Résumé de la 71e partie ■ L'idée de se confesser faisait son chemin dans l'esprit de la visiteuse car elle se sentait coupable... Etrange chorale, en vérité, dans laquelle la visiteuse pouvait reconnaître tant de criminelles : Solange, la bibliothécaire ; Catherine, la cuisinière ; et tant d'autres... Pourtant, leurs voix mêlées se révélaient si pures et si recueillies qu'on avait presque l'impression, en les écoutant, d'entendre un chœur séraphique. Au moment de la communion, certaines prisonnières s'avancèrent, tête baissée et mains jointes, pour recevoir le corps du Christ. Celui qui avait dit : «Plus vous aurez péché et plus il vous sera pardonné...» Avant l'absoute, l'aumônier prononça une brève homélie : — Mes chères détenues, c'est à vous toutes que je m'adresse en ce triste jour. Les voies de la Providence étant impénétrables, il n'est pas du tout certain que Dieu n'ait pas déjà accordé son pardon, malgré son geste, à celle qui vient de nous quitter. C'est du moins pour favoriser ce salut que nous sommes assemblés ici par la prière. Mais il y a un poids terrible qui nous hante et qui continuera de semer le désarroi dans nos cœurs : pourquoi ce geste ? Et nous ne trouvons qu'une seule réponse : par désespoir de se sentir exclue d'un monde de liberté. Ce sentiment cruel, je sais que chacune d'entre vous le ressent... mais sachez que, quelle que soit la peine que l'on éprouve, il ne faut jamais se laisser aller au désespoir. Quand la justice des hommes aura accompli son temps, vous pourrez aspirer alors de nouveau à la liberté ! Peut-être a-t-il manqué, à celle que nous pleurons aujourd'hui, une parole amie qui lui aurait apporté le réconfort dont elle avait besoin dans ses moments les plus sombres. Qui, parmi vous, aurait pu ou aurait voulu être cette amie, alors que, toutes, vous l'aviez affublée d'un surnom ironique ? Ne croyez-vous pas que vous devez vous sentir toutes un peu coupables de ce qui est arrivé ? Je ne dis pas cela pour vous accuser et je me doute bien que la plupart d'entre vous ne voyaient aucune méchanceté à dire «la Baronne». Mais je voulais simplement vous rappeler qu'ici, entre ces hauts murs, vous êtes toutes sur le même plan et que vous endurez toutes les mêmes peines. Pensez à vos voisines de cellule ou d'atelier dont vous savez qu'elles aussi supportent très mal leur condition, comme notre malheureuse Eliane, et n'oubliez plus qu'une simple parole amicale peut faire beaucoup... Et maintenant, pour réparer notre oubli commun du prochain, nous allons dire ensemble les deux prières qui ouvriront à Eliane les portes du royaume du Seigneur. Le Notre Père puis l'Ave Maria retentirent sous la voûte de la petite chapelle avec une conviction et une énergie émouvantes. Lorsqu'elle revint à la maison de retraite, Claire fut accueillie par la sœur portière : — Triste journée, madame Claire ! Je ne vous demande pas si ça s'est bien passé... A suivre