Résumé de la 85e partie ■ Une nouvelle stupéfiante parvenait au village : le poissonnier marseillais qui faisait le marché de Villefort avait été assassiné ! Ne vous occupez pas des mauvaises langues. Il y en a partout ! Quand on a sa conscience pour soi... Les yeux de Claire s'étaient remplis de larmes. Elle avait été sur le point de parler, puis s'était ravisée. — Désirez-vous vous confesser, ma fille ? — Cela ne servirait à rien. Je n'ai ni regrets ni remords et vous ne pourriez pas me donner l'absolution... Pendant un long moment, le prêtre avait scruté le visage de la femme avant de dire: — Dans ce cas, partez, Claire ! Emportez votre secret. Le même soir, l'abbé Plançon avait reçu, un peu plus tard, un appel téléphonique l'enjoignant de venir donner les derniers sacrements à un bûcheron qui s'était grièvement blessé en fin de journée et qu'on avait transporté dans une ferme isolée, à flanc de montagne. Il était parti aussitôt sur sa bicyclette. On l'avait ramené au petit matin à la cure : il avait fait une chute. Sans gravité, fort heureusement, mais il était solidement contusionné et surtout très choqué. Il ne se rappelait rien, sinon avoir eu le sentiment d'être projeté à terre. Un gendarme dépêché sur les lieux de l'accident avait retrouvé la trace d'un fil d'acier qu'on avait dû tendre entre deux arbres au travers de la route : le prêtre avait été la victime de la malignité publique. — Soyez calme, avait dit Claire en passant sa main sur le front brûlant du blessé. Je ne partirai pas avant que vous soyez guéri. — Merci, avait murmuré le curé. Pendant deux jours et deux nuits, elle l'avait veillé constamment. Chaque fois qu'il entrouvrait les yeux, il la découvrait à son chevet, la tête baissée vers lui. Le troisième jour, la fièvre était retombée et il l'avait appelée doucement. Une grande joie avait alors envahi le cœur de Claire qui avait pris la main du saint homme pour la baiser. Elle avait compris, grâce à lui, qu'on pouvait connaître un amour passionné tout en gardant la plus pure des chastetés. Mais dès qu'il avait été complètement rétabli, elle n'avait rien voulu renier de son ancienne résolution de partir. Et le prêtre n'avait rien fait pour la retenir, même si, en pensant au jour de son départ qui approchait, il éprouvait une tristesse grandissante. Quand il s'était retrouvé seul, ça avait été pire encore. Où qu'il se trouvât, dans le presbytère, dans l'église ou dans le jardin des roses, tout lui rappelait une présence aimée. Il avait beau se dire que cette femme avait peut être tué le poissonnier, rien ne pouvait le guérir de son souvenir. Et puis, il sentait qu'il ne pourrait plus vivre à Saint-Firmin, au milieu de ces paroissiens qui ne le respectaient plus. Il avait alors demandé à son évêque un changement d'affectation et il avait choisi lui-même l'endroit le plus rude et le plus isolé du département. A suivre