Histoire Parmi les huit religieuses qui restèrent avec les montagnards, Jeanne était la plus célèbre. A mi-chemin entre Ténès et Cherchell, se trouve la très paisible Beni Haoua, un havre de paix. Même si les autochtones se plaignent de l?exode rural provoqué par le terrorisme, le village aux deux plages a toujours drainé les foules durant la période estivale surtout les week-ends où les arrivants sont estimés à 5 000. La beauté du site ne laisse personne indifférent : un relief des plus exotiques où la forêt assez touffue est humide même l?été et se dresse comme une tour faisant ainsi un décor paradisiaque avec les rochers sculptés par les vagues de cette mer à l?eau claire et profonde. Lieu de pêche et de chasse à la fois, le village est généreusement doté par la nature. La terre est fertile et les montagnards s?adonnent par amour au travail de la terre où la culture sous serre est reine. Beni Haoua, c?est aussi la terre où a échoué «le Baunel», un navire français en 1802 et dont l?ancre existe toujours témoignant du naufrage de la célèbre «Mama Binette» dont le mausolée supplante la plage et dont on raconte que les autochtones de la région sont les descendants. Beni Haoua était, en ce temps-là, quasi déserte, peuplée uniquement d?une petite communauté berbère qui vivait dans les monts de Bissa. Parti de Toulon, le trois-mâts français était en route vers l?Amérique en cette année 1802 avec à son bord des militaires, des civils et des religieuses. Les derniers nommés avaient une double mission médico-religieuse, les militaires, quant à eux, allaient mater une insurrection en Louisiane, alors colonie française. Mais le destin a voulu qu?une forte tempête obstrue la marche du navire qui allait s?échouer sur la baie près de Beni Haoua. Les hommes, qui ont échappé à la mort, s?ils ne sont pas allés à Ténès, contrée ottomane assez développée, s?imprégnèrent de la vie de ces Berbères et élirent domicile dans cette région. Les naufragés ne se sentirent point dépaysés à cause de la nature paradisiaque. Parmi les huit religieuses qui restèrent avec les montagnards, Mère Jeanne de l?enfant Jésus est la plus célèbre, car elle s?est consacrée aux soins des enfants de ces montagnards et est restée auprès de ces gens qu?elle aimait et qui l?ont si bien adoptée. Convertie à l?Islam, cette Hollandaise devint «mama Binette» (la mère des filles), épousa un certain Mokrane et devint chef de tribu après la mort de son époux. A sa mort, on lui a érigé un mausolée qui domine la plage de Beni Haoua où elle demeure avec six de ses compagnes. Un mausolée qui a été restauré à deux reprises après les séismes de 1954 et de 1980.