La dégringolade des prix du pétrole se poursuit inexorablement. Ils ont atteint leur plus bas niveau depuis plusieurs années, et il n'y a pas de raisons de les empêcher de chuter davantage. Le ministre de l'Energie des Emirats arabes unis a avoué que l'Opep ne peut pas protéger les prix du brut. Une façon de se laver les mains à la Ponce Pilate. «L'Opep ne peut plus ‘'protéger'' le prix du baril de pétrole, en dégringolade depuis juin», a constaté ce mardi le ministre de l'Energie des Emirats arabes unis, Suhaïl Mazroui. «On ne peut plus continuer à protéger un certain (niveau des prix)», a déclaré le ministre en parlant de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) dont font partie les Emirats arabes unis. «Nous avons connu une surproduction, venant essentiellement du pétrole de schiste, et cela doit être corrigé», a-t-il ajouté. S'adressant à un forum sur l'industrie pétrolière d'une journée appelé Gulf Intelligence UAE Energy Forum à Abou Dhabi, le ministre a également estimé nécessaire que la production de pétrole de schiste, qui pousse les prix du brut à la baisse, soit maîtrisée. M. Mazroui a déclaré que son pays était «inquiet» du manque d'équilibre entre l'offre et la demande sur le marché pétrolier mais «ne peut pas en être le seul responsable». Il faisait allusion à l'augmentation de la production des pays pétroliers non membres du cartel. Le ministre émirati a souhaité une rationalisation de la production des pays non membres de l'Opep, en insistant sur le fait que le niveau actuel des prix ne pouvait être maintenu. «Nous disons au marché et aux autres producteurs d'être rationnels, de suivre l'Opep et d'agir pour une croissance du marché», a-t-il déclaré. Décidée, selon les analystes, à jouer sur cette faiblesse pour garder ses parts de marché face à une explosion de la production américaine ces dernières années, l'Opep (Organisation des pays exportateurs de pétrole) se montre inflexible sur son plafond de production. Il a été maintenu à 30 millions de barils par jour (mbj) lors de sa dernière réunion en novembre. La dégringolade des cours pétroliers a repris de plus belle hier à New York et à Londres, où le Brent a fini sous les 50 dollars pour la première fois depuis 2009, dans un marché toujours plus pessimiste face à l'offre surabondante. Le baril de référence (WTI) pour livraison en février a perdu 2,29 dollars à 46,07 dollars, sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), terminant à son plus bas niveau en clôture depuis le 11 mars 2009. A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour la même échéance, coté sur l'Intercontinental Exchange (ICE), a clôturé à 47,43 dollars, une première sous le seuil symbolique des 50 dollars depuis le 28 avril 2009. En baisse de 2,68 dollars par rapport à vendredi soir, il a par ailleurs terminé à son plus bas niveau depuis le 16 mars 2009, lorsqu'il avait terminé à 46,46 dollars). «Le marché subit de très fortes pressions» en ce moment, a commenté Phil Flynn, de Price Futures Group. Pour le Brent de la mer du Nord également, les perspectives étaient maussades, les experts de la banque prévoyant un baril à 42 dollars dans trois mois, à 43 dollars dans six et à 70 dollars l'an prochain, contre 80, 85 et 90 dollars précédemment. «Il y a peu de raisons qui empêchent les prix du pétrole de chuter davantage», ont commenté les analystes.