Rencontre ■ Quatre élus français à Damas, sourires et poignées de mains avec Bachar Al-Assad : l'image défie la ligne officielle de la France, qui exclut tout contact avec le président syrien. Faisant fi de la rupture des relations diplomatiques depuis 2012 entre Paris et Damas, quatre parlementaires français de la majorité socialiste et de l'opposition de droite sont depuis mardi dernier à Damas, en «mission personnelle», «pour voir ce qui se passe, entendre, écouter», selon l'un d'entre eux, le député de droite Jacques Myard. M. Myard, ainsi que le sénateur de droite, Jean-Pierre Vial, et le centriste François Zocchetto, ont été reçus hier matin par le président Al-Assad en personne. La veille, ils avaient été reçus par le vice-ministre des Affaires étrangères, Faycal Moqdad, et avaient dîné avec le mufti de la République, cheikh Ahmad Hassoun. Gérard Bapt, député de la majorité socialiste, n'a pas assisté à la rencontre avec Al-Assad, a précisé plus tard Jacques Myard. «Nous avons rencontré Bachar Al-Assad pendant une bonne heure. Ça s'est très bien passé», a déclaré M. Myard, tout en refusant de préciser la teneur des échanges qui ont porté, selon la télévision syrienne, sur l'état des relations franco-syriennes et la question du terrorisme. Pour M. Myard, le président syrien n'est certes «pas le poussin du jour, je vous accorde qu'il a du sang sur les mains», mais «il est une partie qui va intervenir dans le règlement politique de la guerre civile», a-t-il jugé sur la radio RTL. Un participant français à la rencontre avec le président syrien a indiqué sous couvert de l'anonymat, que «Bachar veut que la France ouvre son ambassade, car des partenaires européens souhaitent ouvrir la leur». Paris, qui a fermé en mars 2012 son ambassade à Damas, a minimisé l'affaire. Cette rencontre est «une initiative personnelle» et en aucun cas une mission «officielle et diplomatique de la France», a mis au point le porte-parole du gouvernement, Stéphane Le Foll. «On se doutait bien que Bachar allait leur dérouler le tapis rouge, ça profite à sa stratégie de relégitimation», a commenté pour sa part une source diplomatique. Depuis le début de la guerre en Syrie, la France campe sur une ligne dure, exigeant le départ du président Bachar Al-Assad et répétant qu'il ne peut faire partie d'une solution politique. Paris soutient militairement et politiquement «l'opposition modérée» en Syrie, extrêmement affaiblie et éclatée, et estime qu'une solution au conflit passe par des négociations entre les représentants de cette opposition et des éléments du régime syrien, à l'exclusion du président Al-Assad. Mais quatre ans de guerre sanglante, l'échec des tentatives diplomatiques et surtout l'irruption du groupe jihadiste Etat islamique (EI), ont mis à mal cette stratégie. Et les voix réclamant une reprise de contact avec le régime de Bachar se font de plus en plus insistantes dans plusieurs pays occidentaux, effrayés par le nombre de leurs ressortissants partis grossir les rangs de l'EI et susceptibles de revenir commettre des attentats sur leur propre sol.