Difficulté ■ Meubler sa maison, acheter une voiture ou s'offrir un voyage n'est pas donné de nos jours. Pour bon nombre de ménages, cela n'est pas du tout possible pour une raison toute simple : leurs revenus ne le permettent pas. «Il faut choisir entre manger et équiper son foyer. Et le choix est vite fait, surtout quand on a des enfants», vous diront d'aucuns. Il est vrai que quand on touche un salaire moyen-ce qui est le cas de la plupart des Algériens- il est très difficile d'acquérir un véhicule qui coûte des dizaines de millions de centimes. A moins de laisser sa famille mourir de faim. «Fort heureusement, il y a le crédit à la consommation !» Cette phrase était sur toutes les lèvres il y a quelques années encore. C'est qu'à l'époque, les banques accordaient plus ou moins facilement des crédits aux salariés qui en exprimaient la demande. C'est par ce biais d'ailleurs que beaucoup ont pu s'acheter des meubles, des téléviseurs, des machines à laver et autre lave-vaisselle. «Sans cela, on n'aurait jamais pu avoir l'équipement de la maison qu'on a», reconnaissent encore aujourd'hui de nombreuses familles. Cependant, tout a changé en 2009, avec la décision prise par le gouvernement de suspendre le crédit à la consommation afin d'«éviter le surendettement des ménages». Un argument qui n'a pas convaincu grand monde, surtout que la demande sur ce genre de crédit ne faisait qu'augmenter, alors que le taux de remboursement était acceptable. Aussi, on ne comprenait pas pourquoi on a privé subitement l'économie nationale de son principal moteur, en l'occurrence la consommation, qui était incontestablement boostée par les crédits. Mais avec un peu de recul, on estime aujourd'hui que la décision n'était pas aussi irréfléchie que ça. Car si les autorités avaient laissé faire, les importations auraient sans doute explosé. Et pour cause : la quasi-totalité des crédits qui étaient accordés étaient destinés à l'achat de voitures (80 milliards sur 100 en 2008, selon des statistiques officielles). Or chacun sait que ces voitures venaient de l'étranger. Ce qui revient à dire qu'une partie de l'industrie automobile européenne et asiatique était indirectement financée par les banques algériennes sans aucune contrepartie. Mais le plus grand risque était de voir les ménages endettés jusqu'au cou, sachant que certains n'hésitaient pas à prendre plusieurs crédits à la fois pour financer des achats divers et variés. Une telle situation aurait certainement nui à l'économie nationale comme cela s'est vérifié dans quelques pays du monde au cours des dernières années. Une chose est certaine en tout cas, l'endettement, en général, et le surendettement, en particulier, n'est jamais bon pour les ménages, encore moins pour les Etats.