Agé de 86 ans, René Vautier, qui a une place de marginal, reste égal à lui-même, fidèle à ses idées et profondément attaché à son engagement pour la lutte pour les libertés des peuples opprimés par les puissances gouvernementales et des sociétés exploitées par les entreprises capitalistes. Il fait toujours des films liés à l?actualité. A la Cinémathèque d?Alger, Hassan Hadj, directeur de la Cinémathèque, a tenu à dire à l?assistance que René Vautier avait été d?un apport considérable dans la création du cinéma algérien. «Il a choisi de se solidariser avec l?Algérie avec sa caméra, en rejoignant les rangs des moudjahidine au maquis», a-t-il dit, ajoutant : «Généreux, René Vautier s?est attelé à initier de nombreux Algériens aux métiers liés à la cinématographie.» Humble, René Vautier déclare à l?assistance que sa contribution consistait à montrer les malheurs et l?endurance du peuple algérien afin de plaider sa cause auprès de l?opinion publique internationale : «J?ai fait en sorte d?aider l?Algérien à s?exprimer à travers le cinéma.» Et d?ajouter : «Aucun Algérien n?avait été formé pour s?exprimer par le cinéma en cent trente ans de colonisation et mon devoir était d?être à ses côtés pour refléter son vécu.» René Vautier ajoute qu?il est toujours nécessaire de défendre le vécu des opprimés, «et moi, je combattais avec la caméra en faveur des gens qui souffraient, je m?exprimais sur le vécu réel des personnes qui luttaient pour leur liberté». René Vautier insiste sur la nécessité de dialoguer : «Il y a une nécessité de participer au débat à partir d?images qui résument les luttes», expliquant : «La France et l?Algérie doivent ensemble écrire leur histoire commune, il faut qu?il y ait plusieurs témoignages sur ce passé que chacun doit assumer et gérer ; il faut enregistrer les témoignages des deux côtés aidant ainsi les rapprochements et la compréhension des peuples, des sociétés, ainsi que le respect.» Il dit plus également qu?il faut sauvegarder les réalités car elles permettent de renouer le contact, de relancer le dialogue «et pour qu?il y ait tout cela, il faut respecter l?Histoire». Et de conclure : «Les images sont un prétexte pour amorcer un dialogue et déclencher des réflexions.»