Mise en garde ■ L'Arabie Saoudite a sommé, hier, la milice chiite des Houthis, qui s'est emparée du pouvoir dans la capitale yéménite, Sanaâ, de mettre fin à son «coup d'Etat». Une sortie de crise passe par «le rejet du coup d'Etat» du 6 février et «le retrait des Houthis armés de tous les bâtiments publics et le rétablissement du gouvernement légitime», a déclaré le ministre des Affaires étrangères Saoud Al-Fayçal dans une conférence de presse à Ryad avec son homologue britannique Philip Hammond. Il a souligné, dans ce contexte, la nécessité de «hâter» la tenue à Ryad d'une conférence de réconciliation inter-yéménite, convoquée par le roi saoudien à la demande du Président Hadi. Sont invitées à participer à cette conférence «toutes les factions yéménites qui désirent préserver la sécurité et la stabilité du Yémen», a ajouté le prince Saoud, sans avancer de date pour cette rencontre à propos de laquelle, les Houthis ne se sont pas clairement prononcés. Le chef de la milice chiite des Houthis, Abdel Malek al-Houthi, a implicitement rejeté l'offre de Ryad dans un discours dimanche soir. «Le dialogue ne peut être placé sous le patronage d'une quelconque partie, qui alimente les tensions au sein du peuple yéménite», a-t-il dit dans une allusion à l'Arabie saoudite sunnite, qui classe les Houthis comme organisation «terroriste». Les belligérants au Yémen, où le conflit s'est durci, ont continué hier à mobiliser leurs troupes en dépit d'un appel du Conseil de sécurité de l'ONU à reconnaître la «légitimité» de M. Hadi et à préserver «l'unité» du pays. La milice chiite des Houthis a acheminé de nouveaux renforts vers le sud du pays et livré combat à des tribus à l'est. Les Houthis ont envoyé des renforts vers le Sud, avec comme objectif Aden, deuxième ville du pays, mais leur progression se heurte à la résistance de tribus. Sur le chemin d'Aden, des unités des forces spéciales proches des Houthis ont pris, avant-hier, le contrôle de l'aéroport de Taëz, troisième ville du pays, et la base militaire attenante. Quatre habitants ont été blessés par des tirs lors d'une nouvelle manifestation pour réclamer le départ des forces spéciales, selon des témoins. Une conquête totale de la ville de Taëz permettrait, aussi, aux Houthis d'avancer vers le détroit stratégique de Bab al-Mendeb, à l'embouchure du Golfe d'Aden et de la mer Rouge, une importante voie maritime pour le commerce international. Au sud de Taëz, deux convois de Houthis ont dû rebrousser chemin après des affrontements avec des tribus, ont indiqué des responsables locaux. Et dans la province de Marib, à l'est de Sanâa, des tribus sunnites ont repoussé un convoi des Houthis au prix de violents combats qui ont fait «des dizaines de morts», dont six membres de tribus. Il n'était pas possible de confirmer ce bilan. La milice chiite bénéficie de puissants soutiens dans l'armée parmi les fidèles de l'ex-président Ali Abdallah Saleh, au pouvoir de 1978 à 2012. Lors de la réunion du Conseil de sécurité, l'émissaire de l'ONU Jamal Benomar a prévenu, avant-hier, que le Yémen s'acheminait vers «une guerre civile» et risquait la «dislocation» avec «une division croissante entre le Nord et le Sud». Continuer les hostilités mènera «à un scénario libyen ou syrien» .