Positions n Jean-Claude Juncker et Angela Merkel ont joint leur voix, hier mercredi, en appelant les pays de l'UE à se répartir immédiatement 160 000 réfugiés, un plaidoyer qui ne faisait toutefois pas l'unanimité parmi les Européens. «Ce n'est pas l'heure d'avoir peur» : à Strasbourg, le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker a demandé de faire preuve d'audace et de solidarité pour résoudre la pire crise de ce type en Europe depuis 1945. «Nous avons les moyens d'aider ceux qui fuient la guerre», a lancé M. Juncker devant le Parlement européen à Strasbourg, en réclamant que les 28 pays membres de l'UE se mettent d'accord dès la semaine prochaine sur la répartition de 160 000 réfugiés. M. Juncker a spécifiquement demandé à ce que la religion des réfugiés, venus en grande partie de pays à majorité musulmane, ne soit pas un critère de choix. Le Premier ministre hongrois, Viktor Orban, chef de file des opposants à une politique d'ouverture, a jugé récemment que l'afflux de migrants constituait une menace pour «l'identité chrétienne» de l'Europe. En France, certains élus locaux ont fait savoir qu'ils ne voulaient accueillir que des chrétiens. Longtemps plus frileux sur ce dossier que son voisin allemand, le pays a reçu, hier mercredi, le premier contingent d'un millier d'exilés irakiens et syriens pour la plupart venus d'Allemagne. A Berlin, la chancelière allemande Angela Merkel a martelé qu'elle voulait une répartition «contraignante» des réfugiés, quitte à bousculer sérieusement les plus réticents de ses partenaires européens. La chancelière a également proposé une réunion du G7 et de plusieurs pays arabes pour débloquer des fonds en faveur des réfugiés dans les pays voisins de la Syrie. Les divergences entre pays de l'UE se traduisent de manière très concrète pour les réfugiés, notamment syriens, qui continuent d'affluer par dizaines de milliers en passant par les Balkans : accueillis sous les vivats en Allemagne, ils se heurtent, parfois violemment, aux policiers hongrois. Budapest a une nouvelle fois défendu sa nouvelle législation, très controversée, rendant passible de prison le franchissement de la barrière de barbelés érigée à sa frontière avec la Serbie. L'armée hongroise a aussi procédé, hier mercredi, à des manœuvres militaires dans le sud du pays, pour se préparer à une éventuelle mission de contrôle aux frontières. Le Premier ministre slovaque a de son côté une nouvelle fois refusé ce système de répartition, en affirmant qu'il ne voulait pas «se prosterner» devant l'Allemagne ou la France. Signe de l'écho de cette crise au delà de l'Europe, le secrétaire d'Etat américain John Kerry a assuré que Washington allait faire un effort pour accueillir des réfugiés syriens. Le département d'Etat a promis qu'il y aurait entre 5 000 et 8 000 réfugiés syriens aux Etats-Unis à l'automne 2016, alors que Washington s'en tenait jusqu'à présent aux 1 500 accueillis depuis 2011. R. I. / Agences l L'option des quotas, à laquelle Paris vient de se rallier, place l'Allemagne en première ligne, car elle doit accueillir environ 26% des 160 000 réfugiés, suivie de la France (20%) et de l'Espagne (12%). L'Espagne, réservée par le passé face à l'idée de quotas, s'y est finalement ralliée mercredi, annonçant qu'elle accepterait 14 931 réfugiés comme proposé par la Commission, qui s'ajoutent à 2 749 autres déjà comptabilisés. La Pologne et la Lituanie ont aussi accepté les propositions de la Commission. Au-delà de l'Europe, le Premier ministre australien Tony Abbott a annoncé le prochain accueil de 12 000 réfugiés en plus des 13 500 acceptés chaque année. Plusieurs pays d'Amérique latine, dont le Venezuela, se sont aussi dits prêts à participer à l'effort international.