Résumé de la 304e partie n Après lui avoir fait visiter un beau jardin botanique, Gideon emmena Charlotte voir la résidence de son arrière-grand-mère, Mei-ling. Elle a dormi ici, mangé ici, pleuré ici, ri ici», elle avait ressenti une chose qu'elle n'avait jamais éprouvée auparavant, comme un lien étrange, un brusque sentiment d'appartenance. Elle songea à la chambre située au-dessus de la petite échoppe de soieries, où sa grand-mère était née, elle repensa à tous les visages qu'elle avait vus ici et qui ressemblaient au sien, avec leurs pommettes saillantes, leurs yeux en amande, et à tous les dialectes qu'elle avait entendus — le cantonais, le mandarin, le shanghaien — et à toutes les statues de la déesse Kwan Yin, et elle avait songé : «C'est ici que sont mes racines.» Pour finir, l'oncle Gideon l'avait emmenée dans une petite échoppe située dans Orchard Road, où il lui avait acheté un collier — un pendentif en argent et ambre attaché à une chaîne en argent incrustée d'améthystes. Gideon lui avait ensuite montré comment ouvrir le pendentif. — Tu vois ? Tu peux y mettre un secret. Elle savait déjà ce qu'elle allait placer à l'intérieur. Johnny et elle, unis pour la vie. Johnny avait réussi à allumer un feu. Le feu pétillait dans l'âtre, chaud et étincelant, avec un ronflement rassurant ponctué de craquements. Lorsqu'il prit place aux côtés de Charlotte sur le divan défoncé, il aperçut quelque chose qui accrochait la lumière autour de son cou, juste en dessous de sa clavicule — le pendentif Shang. Il se souvint du premier jour où il l'avait aperçu, à son retour des vacances d'été, ils avaient quinze ans alors. En juin, il avait laissé derrière lui une Charlotte morose et taciturne, mais la fille qui l'avait accueilli à son retour en septembre était transfigurée. Oh, Johnny, tu es de retour ! s'était-elle écriée, en le serrant dans ses bras. Et puis, sans lui laisser le temps de dire un mot, elle lui avait fait d'une traite le récit de son voyage à Singapour, en concluant, à son grand étonnement, qu'elle comprenait à présent pourquoi il éprouvait le besoin de s'en aller chaque été. Il en était resté pantois, car lui-même ne savait pas pourquoi il retournait chaque année en Ecosse, il savait seulement pourquoi il rentrait. — Je suis vraiment désolé de ne t'avoir rien dit au sujet de Naomi, dit-il. Je n'ose pas imaginer ce que tu as pensé en trouvant sa lettre dans mon portefeuille. — N'y pense plus, c'est oublié, dit-elle en le dévorant des yeux. (Soudain, à l'intérieur du cocon confortable de ce chalet de montage elle eut l'impressionque le monde avait cessé d'exister. C'était comme si tout ce qui s'était passé au cours des dix dernières heures avait eu lieu dans un autre monde; ici les règles étaient différentes, et les barrières devenaient inutiles.) Jonathan, quand tu as appris ce qui s'était passé à Chalk Hill, il y a huit ans, qu'as-tu pensé ? A suivre