Le procès de l'affaire dite «Sonatrach I» dans laquelle sont impliqués 15 individus et 4 sociétés étrangères pour corruption s'est ouvert ce dimanche matin après avoir été reporté à plusieurs reprises. En mars dernier, le report s'est fait en raison de l'absence de 29 témoins sur les 108 attendus. Parmi les 29 témoins absents à l'audience figuraient l'ex-PDG du groupe Sonatrach, Abdelhamid Zerguine et d'autres hauts responsables de l'entreprise. Le procès a débuté par l'appel, par le président de l'audience, des accusés, de leurs défenseurs, et des témoins, dans une salle pratiquement archicomble. Avocats, journalistes, personnalités du monde des affaires et simples citoyens ont envahi, à l'ouverture des portes du tribunal, la salle où va se dérouler le procès. Parmi les prévenus figure l'ancien PDG du groupe Sonatrach, Méziane Mohamed ainsi que huit (8) directeurs exécutifs du groupe dont Amar Zenasni, responsable du transport par pipeline et le directeur des activités «amont» Belkacem Boumediène. Sur la liste des accusés, figurent également quatre entreprises étrangères ayant bénéficié «frauduleusement» de marchés publics, au préjudice de Sonatrach, selon le rôle complémentaire de la deuxième session criminelle 2015. Les accusés, dont sept sont en détention, doivent répondre des chefs d'inculpation de «commandement d'une association de malfaiteurs, passation de marchés en violation de la législation et du règlement, octroi d'avantages injustifiés au profit d'autrui et augmentation des prix lors de la passation des marchés». Ils sont également poursuivis pour «corruption, dilapidation de deniers publics, abus de fonction et blanchiment d'argent». Selon l'arrêt de renvoi, les faits portent sur cinq (5) marchés frauduleux d'une valeur de 1 100 milliards de centimes accordés par l'ex-PDG de Sonatrach, Mohamed Méziane, au groupe allemand Contel Algérie Funkwerk Pletarc dans le cadre d'un projet d'acquisition d'équipements de télésurveillance et de protection électronique des complexes du groupe pétrolier à travers le pays. Ces contrats ont été accordés dans le cadre du gré à gré en contrepartie d'actions acquises au profit des deux fils du patron de Sonatrach Fawzi et Réda Méziane dans le groupe Contel, selon la même source. Le groupe Contel Algérie Funkwerk Pletarc et son patron Smaïl Djaâfar Mohamed Réda, principal accusé dans cette affaire, a obtenu des privilèges injustifiés alors que ses offres étaient plus élevées que celles des autres soumissionnaires, selon l'arrêt de renvoi de l'affaire. Les investigations ont également révélé que Mohamed Méziane avec la complicité du responsable des activités «amont» Belkacem Boumédiene aurait mis au point un plan pour subdiviser le projet de télésurveillance électronique de Sonatrach en 4 parties afin d'attribuer trois marchés au groupe allemand. Le groupe Sonatrach, selon toujours l'arrêt de renvoi, a conclu un marché douteux avec Saipem Algeria (Italie) pour la réalisation du gazoduc devant relier l'Algérie à l'Italie (Sardaigne). Ce projet est toujours dans les cartons. L'enquête a révélé qu'un des fils de Mohamed Méziane travaillait comme conseiller, depuis 2006, auprès de l'ex-directeur de Saipem Contracting Algérie, Tullio Orsi. Ce dernier est poursuivi par le parquet de Milan dans le cadre d'une affaire de corruption impliquant le groupe pétrolier italien ENI dont Saipem est une filiale, pour l'octroi de marchés pétroliers en Algérie. Ce marché, d'une valeur de 586 millions de dollars a été sous-traité à une société française PIE CAPAG, par Saipem, sa rivale dans la consultation limitée ouverte par Sonatrach, fait ressortir l'arrêt de renvoi.