Dans nombre de quartiers d'Alger, les cageots de lait en sachet étaient vides ce matin. Les clients venus s'approvisionner, repartaient bredouilles. Une situation qui risque de perdurer, sachant que les distributeurs de lait, avançant plusieurs revendications, dont notamment la révision à la hausse de leur marge bénéficiaire, sont déterminés à aller jusqu'au bout de leur action. «Nous en avons ras-le-bol …depuis quinze ans, nous avons une même marge bénéficiaire qui est de 0,75 cm par litre alors que toutes les charges conséquentes ont exponentiellement augmenté», a déploré ce matin le porte-parole des distributeurs privés de Birkhadem, Farid Oulmi. «Cette marge insignifiante ne peut même pas couvrir les charges d'un seul salarié», a-t-il ajouté. Ce problème ne date pas d'aujourd'hui, les grévistes disent avoir saisi à maintes reprises la tutelle pour réclamer leurs droits. Cette action de débrayage a paralysé l'usine «Colaital» de Birkhadem. A notre arrivée ce matin sur les lieux de ce complexe, les travailleurs étaient en train de chômer. Regroupés devant l'entrée de cette usine, les travailleurs ont exprimé leur mécontentement de voir les choses en arriver à ce stade. «Depuis belle lurette, nous avons demandé à la tutelle de nous fournir des camions frigorifiques pour assurer nous mêmes la distribution du lait et éviter ce genre de tracas. Aujourd'hui, nous avons été obligés de produire moins de quantités de lait pour assurer sa distribution dans nos deux points de vente à savoir Birkhadem et Boudouaou»,regrettent –ils. Mis à part ces point de vente, les caisses de lait étaient complètement vides ce matin à Tixeraïne, à Birkhadem et à Bir Mourad Raïs créant une grande panique auprès de la population de ces communes. «Pas un seul sachet de lait», se lamente une mère de famille qui veut connaître les causes de cette pénurie de lait . «Ce sont les livreurs cette fois-ci», lui rétorque un commerçant qui ne s'est pas approvisionné de ce produit depuis hier. Du côté des grévistes, la tension est à son paroxysme. Rencontrés au quartier Les Vergers, ils se disent déterminés à aller jusqu'au bout de leur action pour améliorer leurs conditions de travail. Ils demandent à la tutelle comme premier point principal de «relever leur marge bénéficiaire de 0,75 cm à 2,5 DA par litre, soit une hausse de 3 à 10% par sachet de lait» .Les distributeurs font état des difficultés qu'ils rencontrent au quotidien pour assurer ce produit de large consommation 7 jours sur 7 en veillant à la livraison à temps et à n'importe quel endroit du pays. Ils attendant beaucoup de la tutelle pour régulariser leur registre de commerce , d'autant qu'ils ont obtenu le statut de «transporteurs et non de distributeurs de lait». Ce qui a compliqué leur tâche, relèvent-ils, surtout au niveau des barrages et par rapport à leur situation fiscale . «Nous avons un redressement vis à vis de Colaital de 8 milliards de centimes», a-t-on déploré. La vétusté de leurs camion frigorifiques a fait empirer les choses. «Nous ne pouvons plus supporter les charges, imaginez rien que pour changer une pièce cela nous coûte les yeux de la tête sans compter le carburant et les salaires qu'on doit verser chaque pour notre personnel», se lamente un transporteur de lait. Ainsi, les contestataires demandent le soutien de l'Etat pour qu'ils puissent obtenir, dans le cadre d'une convention avec les concessionnaires, des camions frigorifiques neufs. A l'instar des 130 distributeurs privés de lait de Birkahdem, 70 autres distributeurs qui couvrent les wilayas de Boumerdès, Tizi Ouzou, Alger et Bilda ont également suivi ce mouvement de contestation .