Résumé de la 314e partie n Charlotte et Jonathan entendirent soudain un petit signal sonore étouffé par le ronronnement du feu… Mais au même moment il y eut un coup de tonnerre phénoménal. La terre trembla, les lumières se mirent à vaciller,puis ce fut le noir total. San Francisco, Californie, 1957-1958 Jamais je n'avais vu Mme Katsulis dans un tel état d'agitation. Depuis huit ans qu'elle était à mon service, elle avait toujours fait preuve de calme et de pondération, des qualités qui m'avaient incitée à la recruter en premier chef. Mme Katsulis était la gouvernante d'Iris. Infirmière diplômée, elle s'était spécialisée dans la prise en charge des adultes souffrant d'arriération mentale. Car c'était ainsi que les médecins occidentaux appelaient la maladie dont souffrait ma fille. Les médecins chinois, auraient dit qu'il s'agissait d'un blocage du flux circulant entre les cinquante-neuf méridiens. Gideon faisait confiance à la médecine occidentale, et voulait qu'Iris essaye des médicaments aux noms à la consonance néfaste, comme méthylphénidate ou chlorpormazine. Mais de mon côté, j'apaisais le sang de ma fille et je régulais son ki avec des décoctions à base de chrysanthème, de sabot-de-Vénus et d'os de dragon fossilisés. Dans sa chambre à coucher j'avais disposé des sachets remplis de lavande et des bols pleins de fleurs d'oranger ; j'avais ôté tous les miroirs dans lesquels son lit se reflétait afin que son esprit ne reçût pas un choc en se voyant pendant son sommeil ; et sur les murs j'avais peint les huit symboles porte-bonheur à la peinture turquoise, qui est la couleur du nord-est, et également un symbole de chance. Peu à peu, l'esprit agité de ma fille avait retrouvé sa tranquillité, si bien que lorsqu'elle n'était pas occupée à résoudre un de ses énormes casse-tête très complexes, ce qu'elle faisait avec une rapidité stupéfiante, elle était capable de demeurer tranquillement assise pendant de longs moments sur le belvédère qui se trouvait sur le toit, ou à côté de la piscine. Dans ces moments-là elle semblait normale, et les visiteursqui venaient pour la première fois pensaient qu'elle était simplement timide. Et puis un beau jour Iris commença à faire des fugues. Je décidai alors de faire mettre des verrous sur toutes les portes, mais, de la même façon qu'elle était capable de résoudre les puzzles les plus complexes, Iris était capable de venir à bout d'un verrou. C'est pour cette raison que Mme Katsulis avait pris l'habitude de dormir dans la chambre d'Iris. Ma fille était devenue une jeune et jolie femme, et les hommes qui ne la connaissaient pas prenaient son étrange comportement pour une invitation au flirt. Pourquoi Iris éprouvait-elle soudain le besoin de partir vagabonder, je l'ignore. J'ignore quelles visions la poussaient à sortir de la maison, car elle semblait bel et bien partir en quête de quelque chose. A suivre