Situation n Le régime de Damas, appuyé par les frappes de son allié russe, effectue une importante percée militaire à Alep (nord). Après six jours de discussions avec le régime d'une part, l'opposition d'autre part, de tergiversations et de rendez-vous annulés ou reportés, l'émissaire de l'ONU, Staffan de Mistura a annoncé une «pause» dans le processus de discussions sur la Syrie, censé enclencher une solution politique pour mettre un terme au conflit. «J'ai conclu, après une première semaine de discussions préparatoires, qu'il y a encore du travail à faire, non seulement par nous, mais par toutes les parties prenantes» à la crise syrienne, a déclaré M. de Mistura, renvoyant la balle dans le camp des grandes puissances du groupe international de soutien à la Syrie, qui doivent se réunir le 11 février à Munich. Le diplomate onusien s'est refusé à parler «d'échec» et a déclaré avoir fixé la date du 25 février pour une reprise des discussions. Mais celle-ci semble tout sauf certaine. L'opposition syrienne «ne reviendra pas à Genève tant que ses demandes sur le volet humanitaire ne seront pas satisfaites», a déclaré son coordinateur, Riad Hijab, lors d'une conférence de presse à Genève. Le Haut comité des négociations (HCN), qui regroupe des politiques et des représentants des groupes armés, réclame l'arrêt des bombardements russes, la libération de détenus, et la levée des sièges d'une quinzaine de villes en Syrie, où, selon l'ONU, près de 500 000 personnes vivent coupées d'aide humanitaire et médicale. M. Hijab a rappelé que le HCN était venu en Suisse «avec l'assurance de nombreux pays que le processus humanitaire allait débuter». «Mais le contraire est arrivé». «Le monde entier voit qui a fait capoter les négociations, qui bombarde les civils et fait mourir de faim la population», a-t-il lancé. De son côté, Damas a rejeté l'échec du processus sur l'opposition. «Depuis son arrivée, la délégation de l'opposition a refusé de prendre part à des discussions sérieuses avec l'émissaire de l'ONU» a déclaré l'ambassadeur syrien à l'ONU, Bachar El Jaâfari, qui dirigeait la délégation du régime. Lui aussi a également laissé entendre que la reprise des discussions le 25 février n'était pas acquise. Les pourparlers de Genève, arrachés sous la pression internationale, étaient censés amener le régime de Damas et l'opposition à discuter, même indirectement, pour enclencher un processus politique et mettre un terme à une guerre qui a fait plus de 260 000 morts et des millions de réfugiés en cinq ans. Sur le terrain, l'armée syrienne a réussi à resserrer l'étau hier mercredi, autour des rebelles dans la ville d'Alep, ex-capitale économique du pays, après avoir coupé leur principale route d'approvisionnement, marquant un nouveau succès pour le régime depuis l'intervention de Moscou dans le conflit fin septembre.