Chaque année, 1,5 million d'enfants algériens sont recalés, dont 500 000 finissent par quitter les bancs de l'école prématurément. Le nombre de ceux qui redoublent est plus important, notamment à partir de la Première AS, où il «explose». Pour les experts du Cnes, même si la déperdition scolaire est devenue une fatalité en raison de la défaillance du système scolaire, si l'élève est appelé à quitter l'école un jour, il doit au moins être armé d'un minimum de connaissances de base. Des chiffres mis en lumière dans le dernier rapport national de développement humain 2013-2017, élaboré par le Conseil national économique et social, en disent long sur la situation vécue par l'école algérienne. Ce sujet alarmant était au menu d'une journée d'étude, hier dimanche, à Oran et nombreux étaient les participants à tenter d'y apporter leurs analyses. Lakhdar Baghdad, Expert consultant en sciences de l'éducation, a souligné que le redoublement est devenu une «caractéristique du système éducatif», signalant l'existence de «cassures» au niveau des transitions entre les différents cycles : primaire, moyen et secondaire, et que le redoublement «explose» à partir de la 1re AS. L'un des facteurs ayant conduit à cette situation, estime l'intervenant, est en rapport avec plusieurs anomalies constatées sur le terrain, notamment le non respect de l'âge. Sur un autre plan, le conférencier a soutenu que le système éducatif souffre d'un manque latent d'études et de recherches scientifiques pour éclairer les décideurs, soulignant que, dans ce contexte, le ministère de l'Education nationale «ne peut pas être en même temps juge et partie». Ainsi, une définition était apportée par les participants à deux concepts souvent évoqués dans ce contexte : décrochage et déperdition. «Décrochage et déperdition indiquent des réalités différentes et proches à la fois, c'est une façon de quitter l'école de manière provisoire ou permanente. C'est un processus qui lie des facteurs d'ordre scolaire, personnel, économique et social», ont-ils estimé, lors de cette rencontre organisée par le Crasc. Dans son analyse de la situation dans les cycles primaire et moyen, Rosa Mahdjoub, de l'Institut national de recherche en éducation (INRE) a indiqué que les statistiques ont démontré que le taux de redoublement avoisine les 20% dans le moyen, contre 7% dans le primaire. Dans ce cas précis, elle a indiqué que des «difficultés significatives» sont constatées dans le cycle moyen, observant que c'est à l'intérieur des cycles d'études et non pas dans les transitions que se situe le problème, suggérant ainsi que les causes sont «beaucoup plus pédagogiques que sociales». Selon la dernière enquête du ministère de l'Education nationale le nombre de déperditions scolaires est de l'ordre de 2,34% pour l'ensemble des paliers d'enseignement. Nombreux sont les élèves qui quittent les bancs de l'école à un âge précoce, et le nombre de ceux qui redoublent est plus important… Il touche 30% du cycle secondaire, 20% des effectifs du cycle moyen et 8,85% de l'ensemble des élèves relavant du cycle primaire. Les experts du Cnes estiment que même si la déperdition scolaire est devenue une fatalité en raison de la défaillance du système scolaire, si l'élève doit quitter l'école un jour, il doit au moins être armé d'un minimum de connaissances de base.