Difficultés n Lâchée par la France, défiée par les Etats d'Europe orientale : la capacité d'Angela Merkel à imposer sa politique d'accueil des réfugiés dans l'Union européenne semble de plus en plus improbable avant un sommet crucial. La chancelière allemande fait aussi face dans son pays à une chute dans les sondages et à une opposition grandissante sur sa politique qui a permis la venue de plus d'un million de demandeurs d'asile en 2015. Elle a dès lors promis aux Allemands une solution européenne pour réduire nettement cet afflux dès 2016, militant pour des quotas d'accueil obligatoires au sein de l'UE. Mais avant le sommet des dirigeants européens à Bruxelles les 18 et 19 février, les alliés se font rares. Si le président français François Hollande s'était montré ouvert au projet allemand, le Premier ministre Manuel Valls a profité d'un passage à la conférence sur la sécurité de Munich pour rejeter le plan. La France n'est pas «favorable» à un mécanisme de répartition, l'Europe ne peut «pas accueillir plus de réfugiés», selon lui. Mme Merkel fait aussi la quasi-unanimité contre elle en Europe orientale. La Première ministre polonaise Beata Szydlo, à Berlin cette semaine, a appelé à un «nouveau virage» au nom notamment de la sécurité européenne, citant «les attaques terroristes de Paris» et les «agressions sexuelles du nouvel an à Cologne». Le ministre slovaque des Affaires étrangères, Miroslav Lajcak, a, lui, estimé dans l'hebdomadaire Der Spiegel que les «contingents (voulus par Mme Merkel) ne vont qu'accroître les incitations à la migration». Et il a laissé entendre que faute d'accord la «route des Balkans» empruntée par la majorité des migrants pourrait être fermée. «Tant qu'il n'y a pas de stratégie européenne, il est légitime que les pays de la route des Balkans protègent leurs frontières», a-t-il dit. Pour Mme Merkel, ces contingents, la lutte contre les passeurs en Turquie ainsi que l'amélioration des conditions de vie dans les camps de Syriens en Turquie, au Liban et en Jordanie sont les conditions nécessaires pour juguler l'afflux migratoire. Le gouvernement allemand entend par ricochet sauver la libre-circulation dans l'UE et préserver l'unité européenne. «Un continent de 500 millions de citoyennes et citoyens (européens) ne peut pas voir ses fondements ébranlés et capituler face à 1,5 ou 2 millions de réfugiés», a martelé la ministre de la Défense, Ursula von der Leyen. Le secrétaire d'Etat américain John Kerry, intervenant lui aussi à Munich, a jugé que cette crise représentait pour l'Europe une menace «quasi-existentielle» et que Mme Merkel faisait preuve «d'un grand courage». A l'inverse, le Premier ministre russe Dmitri Medvedev a qualifié la politique allemande de «stupide».Face à son incapacité à réunir un consensus européen, la chancelière a indiqué vendredi qu'un groupe de pays «volontaires» pourrait accepter de se répartir plus de réfugiés en échange d'une lutte accrue d'Ankara contre la migration illégale. Ces pays, dont la chancelière n'a pas donné la liste, se réuniront avec la Turquie en marge du sommet des 18 et 19 février.