Mémoire n «Béjaïa, capitale des lumières», un livre écrit par Abderrahmane Khelifa et paru aux éditions Gaia, a fait l'objet d'un débat, lors d'une rencontre à la bibliothèque du palais de la culture Moufdi Zakaria (Alger). Le livre se révèle un prétexte pour «évoquer le dynamisme économique» de la cité des Hammadites et son épanouissement culturel. Le conférencier a expliqué que le rayonnement de la pensée intellectuelle et son essor économique ne se limitait pas uniquement à la vallée de la Soummam. Son influence s'étendait jusqu'aux alentours de Biskra et d'El Hodna. «Béjaïa était le carrefour florissant d'échanges commerciaux, on y cultivait la terre et cette dernière était généreuse, la région était réputée de plusieurs produits, dont les agrumes. El-Idrissi et El-Bikri ont parlé d'ailleurs des mines qu'on exploitait de manière artisanale», a-t-il dit. Celui pour qui Béjaïa est «carrefour culturel du Maghreb médiéval», puisqu'elle a abrité de grands penseurs de l'époque du Moyen-âge (tels que Ibn Kheldoun) et puisqu'elle a été longuement considérée comme une destination phare d'échanges intellectuels sur les deux rives de la Méditerranée, a évoqué, en outre, le savoir et le savoir-faire de cette ville millénaire et a mis l'accent sur la nécessité de la sauvegarde de ce patrimoine matériel et immatériel en vue d'assurer sa transmission aux générations futures. D'où d'ailleurs le but du livre : offrir aux jeunes lecteurs cette transmission et leur faire prendre conscience de l'impérative nécessité d'entretenir «l'expression de créativité et d'identité culturelle» de Béjaia. Abderrahmane Khelifa, qui retrace dans son livre le parcours de Béjaïa à travers les âges, qui a donc parlé des différentes époques qu'a connues cette dernière, à savoir les périodes médiévale, judéo-musulmane, espagnole, ottomane et enfin la colonisation, a revisite la mémoire de la civilisation de Béjaia à travers ses paysages, ses édifices, ses saints et ses lieux. «Avant d'être capitale, Béjaia était occupée par des hommes préhistoriques et, donc, il y avait un substrat historique très profond, qui faisait que nous n'étions pas une génération spontanée. En voyant les différentes strates historiques, on se rendait compte que cet Algérien avait des racines qui remontaient à des millions d'années. Béjaïa remplissait toutes les conditions pour être une grande capitale, une grande métropole. Elle avait l'abri, la mer, l'eau douce, un terroir. Et plus que cela, la vallée de la Soummam, qui était tel un cordon ombilical de la région. La vallée de la Soummam a fait vivre et donner à Bejaia tout son lustre». Ancien élève de l'Ecole normale supérieure, titulaire d'un doctorat en histoire et archéologie, Abderrahmane Khelifa, qui a insisté sur «la démarche que le citoyen intellectuel doit emprunter pour lutter contre l'oubli et la déchéance de la mémoire», a fait de nombreuses fouilles, essentiellement sur les sites médiévaux, comme Tlemcen, la Qal'a des Béni Hammad, Honaïne… Il a occupé de nombreuses fonctions dans les structures du patrimoine du ministère de la Culture. Il a enseigné à l'Ecole supérieure des beaux-arts et à l'Ecole polytechnique d'architecture et d'urbanisme en post-graduation. Auteur de nombreux articles scientifiques et d'ouvrages collectifs, il a également aidé, en tant que conseiller historique, à la réalisation de nombreux films documentaires (Qal'a des Béni Hammad, Massinissa, Jugurtha, Syphax, Juba II, Tidis, Timgad).