Débrayage n La situation se complique de plus en plus pour le gouvernement français, confronté à une grève illimitée dans les chemins de fer après trois mois de fronde contre une réforme du droit du travail. A neuf jours de l'Euro-2016 de football, les autorités françaises, doivent affronter différents secteurs perturbés, notamment les transports. Pour la huitième fois depuis début mars, les employés de la Société nationale des chemins de fer français (SNCF), transporteur officiel de l'Euro, ont entamé une série de protestations traduites en grève. L'Exécutif a fait pression pour faire aboutir les négociations entre les cheminots et la direction de la SNCF. Selon le syndicat réformateur CFDT, il a véritablement «forcé la main de l'entreprise» notamment pour obtenir le maintien des règles actuelles sur le repos hebdomadaire des conducteurs. Toujours pour éviter l'embrasement social, le gouvernement a annoncé une revalorisation du salaire des enseignants. La veille, il avait sauvegardé des crédits pour la recherche. «Noël est en mai», a ironisé le président du Sénat, Gérard Larcher (droite), tandis que le quotidien Le Monde titrait «Le gouvernement cherche la paix sociale». L'Exécutif a réaffirmé en revanche son refus de céder sur la réforme du droit du travail. «Reculer serait une faute politique», selon Manuel Valls. Le projet «ne sera pas retiré», a aussi réaffirmé le président François Hollande. Son prédécesseur Nicolas Sarkozy, chef du parti Les Républicains, a dénoncé «la pagaille» régnant en France et «la faiblesse, la lâcheté, la perte totale d'autorité» de l'Exécutif, dans une interview à l'hebdomadaire Valeurs actuelles. «Le gouvernement a fait preuve de faiblesse face à la rue. Ce que l'on voit aujourd'hui, c'est la chienlit», a déclaré M. Sarkozy. Pour l'Exécutif, qui connaît une impopularité record, la loi, en cours de discussion au Parlement, doit permettre d'adapter les règles du travail à la réalité de l'entreprise et favoriser ainsi la lutte contre un chômage endémique (10%). En attendant, les syndicats contestataires CGT et FO, majoritaires à eux deux, mobilisent leurs militants dans tous les secteurs. La grève des syndicats, entamée il y a près de deux semaines, s'est poursuivie, hier, dans les raffineries, mais l'industrie pétrolière a constaté «une très nette amélioration» de l'approvisionnement des stations-service. La CGT a également appelé à la grève dans le métro et les transports publics parisiens à partir de jeudi. Selon des estimations de la direction, les perturbations devraient toutefois être très légères. D'autres actions ont lieu dans le secteur du ramassage des déchets et dans les aéroports. Dans le transport aérien, les négociations entre la direction générale de l'aviation civile (DGAC) et l'ensemble des syndicats n'ont pas abouti à une levée des préavis de grève déposés pour les 3, 4 et 5 juin. Les discussions doivent continuer. Parallèlement, le SNPL, syndicat de pilotes majoritaire à la compagnie Air France, a voté pour le principe d'une grève dure en juin contre des mesures de productivité.