Enjeux n Des économistes nationaux, très au fait des modes de gouvernance de par le monde, ont été chargés de confectionner cette nouvelle feuille de route économique, présentée dimanche lors de la tripartite et appuyée par les participants. Celle-ci ne tardera pas à être adoptée par l'Exécutif et devra notamment appuyer la diversification de l'économie nationale en développant prioritairement l'agriculture, le tourisme, l'industrie et les services. Il s'agit, en somme, de revoir toutes les politiques sectorielles et mettre en place les mécanismes et les moyens nécessaires pour ériger une économie émergente et stable basée sur la mobilisation du génie algérien. Les pouvoirs publics n'ont, ainsi, pas d'autres choix que de se tourner vers les ressources du pays pour développer une économie productive, telle que l'ont suggérée les économistes. C'est même une urgence d'atteindre le chiffre d'au moins 1 200 000 PME en 2020 et 2 500 000 en 2025, estiment ces derniers. «L'acte d'investir devient plus motivant que l'acte d'importer. 80% des crédits bancaires seront alloués au développement et à la création d'entreprises productives», explique l'économiste Abdelhak Lamiri, qui appelle à la création d'un fonds de restructuration des entreprises pour accompagner les privatisations et les faillites des sociétés peu performantes. Le secteur pétrolier ne peut pas, toutefois, rester à l'écart de la définition du nouveau modèle économique, lui qui représente pas moins de 40% du PIB. Une fois mise en œuvre, cette nouvelle feuille de route devrait donner de la visibilité à l'action du gouvernement, qui compte vraisemblablement beaucoup sur la dynamisation du programme de développement des énergies renouvelables et la rationalisation de la consommation d'énergie. Les autorités comptent s'orienter vers un nouveau modèle de consommation énergétique reposant notamment sur un Mix énergétique. Mais avant d'en arriver là, les pouvoirs publics doivent impérativement rétablir l'équilibre financier et budgétaire qui était déjà fragile avant la chute du prix du baril du pétrole. Les dernières prévisions livrées par le FMI dans ce domaine n'ont rien de rassurant. Des déficits budgétaires supérieurs à 15% du PIB jusqu'en 2017, des déficits de la balance des paiements supérieurs à 30 milliards de dollars au moins pour les deux prochaines années, des réserves de change en chute libre et réduites à un peu plus de 90 milliards de dollars fin 2017. Pour remettre de l'ordre dans ce secteur qui bat de l'aile, le nouveau modèle économique pourrait proposer une réduction très sensible des importations, geler les rémunérations et les transferts et différer plusieurs projets d'infrastructures. Il pourrait même toucher les subventions des produits de large consommation. On compte, par ailleurs, beaucoup sur la mise en place d'un nouveau code des investissements pour booster l'économie nationale. Les objectifs annoncés à travers ce nouveau modèle économique sont, ainsi, prometteurs en attendant de voir les résultats et la détermination avec laquelle il sera mis en œuvre au cours des prochains mois. Assia Boucetta Augmenter les recettes d'exportations hors hydrocarbures l «Le gouvernement vise dans son nouveau plan, qui sera adopté prochainement par l'Exécutif, d'augmenter ses recettes d'exportations hors hydrocarbures à 9% à fin 2016», contre environ 5% à fin 2015, a indiqué le Premier ministre, dimanche soir, à la clôture de la tripartite tenue dans une conjoncture économique exceptionnelle. «C'est un modèle bâti sur une vision économique pragmatique claire qui vise à sortir de l'économie actuelle dépendante de la rente pétrolière», a souligné M. Sellal. Cette vision, ajoute-t-il, préservera «les acquis sociaux mais à ceux qui en ont besoin». Un dispositif à revoir l Ces subventions pourraient être directement touchées par les ménages défavorisés et en finir définitivement avec les subventions des prix appliquées sur produits qui, faut-il le rappeler, absorbent à elles seules, près de 30% du PIB. Ce sont les dernières déclarations du ministre des Finances, qui a annoncé que le gouvernement a commencé «à mettre en place une carte des ménages défavorisés afin de passer d'un système de subventions généralisées à des subventions ciblées», ce qui est est une preuve que cette réflexion a bel et bien atteint la maturation. Certains secteurs demeurent fermés au privé l Le FCE veut de la liberté d'«entreprendre et d'investir, conformément à l'article 37 de la Constitution algérienne, en ouvrant de manière effective aux investisseurs privés nationaux l'ensemble des secteurs d'activité économique qui sont aujourd'hui fermés», a insisté Mme Nacera Haddad (FCE). Les secteurs principalement concernés sont ceux des banques, de l'audiovisuel, du transport maritime, du transport aérien, de la pétrochimie et de toutes les activités en aval des hydrocarbures, etc. L'organisation plaide aussi pour la restitution de «la pleine initiative aux entrepreneurs et que soit mobilisé le potentiel des entreprises». «L'entreprise privée est une nécessité absolue pour développer l'ensemble des secteurs de l'économie nationale et assurer, de façon tangible, la réalisation des objectifs de diversification, de sécurité alimentaire et de réduction de notre dépendance externe», affirme Mme Haddad, qui appelle le gouvernement à accompagner le FCE dans ce plaidoyer qui touche aussi à l'emprunt obligataire annoncé en grande pompe par le ministre des Finances. Pour le FCE, «ce n'est pas normal que des banques demandent l'origine de l'argent à ceux qui veulent y souscrire», ajoutant que «ce n'est pas le rôle des banques de le faire, mais qu'il y a l'Etat et des organismes spécialisés qui doivent y veiller». A. B.